Galderma Sophia : des salariés sous le choc et dans l'incertitude
Un peu plus de deux semaines après avoir appris brutalement l'arrêt du centre de R&D et dans l'attente de la réunion du Comité d'Entreprise d'aujourd'hui, les 550 salariés de Galderma, la filiale de Nestlé Skin Health, restent sous le choc et dans l'incertitude la plus profonde.
A Sophia, les 550 salariés de Galderma, la filiale de Nestlé Skin Health, restent sous le choc. Terrible. Ce matin, un peu plus de deux semaines après la fracassante annonce de l'arrêt de l'activité R&D sur la technopole, arrêt assorti de la suppression au minimum de 400 postes, ils attendaient la réunion du Comité d'Entreprise. Le groupe devait y préciser ce qu'il comptait faire. Prévue initialement lundi 2 octobre, cette réunion avait été repoussée par la direction au jeudi 6 octobre ce qui a laissé quatre jours supplémentaires d'incertitude aux salariés. Une réunion avec les élus syndicaux au cours de laquelle, a été confirmé l'arrêt de l'activité de R&D assorti d'un plan de sauvegarde de l'emploi avec départs volontaires et départs contraints.
La CFDT demande le maintient des effectifs pendant 5 ans
Aussi, jusqu'à ce CE d'aujourd'hui, peu d'éléments nouveaux sont apparus dans ce qui s'annonce comme un drame social pour les familles concernées et un lourd dossier pour la technopole. Dans un communiqué, la CFDT qui est en pointe sur le site, a parlé de 450 salariés sur 550 concernés par l'arrêt de l'activité R&D, au-delà donc de 400 personnes, chiffre avancé par la direction.
"La direction minimise l’impact social sur le site de Sophia en évoquant la possibilité qu’une centaine de salariés pourraient intégrer le nouveau centre et que 300 autres pourraient bénéficier d’un plan de départ volontaire, de type "ruptures conventionnelles collectives", est-il noté. "Pour l’équipe CFDT, ce changement de stratégie est incompréhensible d’autant que le centre de Sophia est le plus grand centre de Recherche de la Dermatologie au monde".
"La FCE-CFDT, à travers son équipe, demande des clarifications sur ce projet, la mise en œuvre d’une véritable procédure d’information/consultation sur la stratégie de l’entreprise, un engagement du groupe Nestlé à maintenir l’ensemble des effectifs pendant 5 ans, l’assurance de maintenir un centre de recherche, où qu’il soit."
Une affaire potentiellement explosive au plan national
Le monde politique, dans l'attente de données plus concrètes s'est pour l'instant peu exprimé officiellement sur le sujet. Le sénateur Marc Daunis n'en stigmatise pas moins un véritable scandale, face à une décision aussi brutale qu'unilatérale, prise dans le seul intérêt des actionnaires. L'affaire d'autre part a été évoquée à l'Assemblée nationale le mercredi 27 septembre. Répondant à une question, le secrétaire d'Etat Benjamin Griveaux a assuré que l'Etat serait attentif à l'avenir du site de Sophia Antipolis. Il a également indiqué que la société Galderma pourrait éventuellement susciter et recourir à un financement via le Fond unique interministériel, outil dédié aux pôles de compétitivité. Mais pour l'instant, faute d'informations sur ce qui va ce passer concrètement, on en reste à des déclarations d'intention.
Dans l'écosystème de la technopole, où l'on pense que l'ensemble du site de Galderma est appelé à disparaître à l'horizon d'un an ou deux, l'affaire est toutefois vue comme plus problématique que ne le furent les retraits de Texas Instruments, de Samsung et plus récemment d'Intel. Là, le choc des suppressions de postes a pu être amorti avec des blocs entiers de compétences qui ont été repris et ont nourri de nouvelles activités. Mais le secteur de la santé est beaucoup moins représenté sur Sophia que ne l'est celui de l'IT avec donc plus de difficultés pour des reprises de compétences. Reste la possibilité de nouvelles implantations qui bénéficieraient d'un site déjà en ordre de marche et le soutien de projets de spin-off avec le cabinet de revitalisation qui va être nommé.
Et puis reste aussi une autre grande incertitude. On ne sait pas encore bien comment la situation va évoluer et quelle ampleur elle pourrait prendre sur le plan national. Pour l'instant, l'impact médiatique a été très faible. Mais potentiellement, l'affaire Galderma, qui glisse vers l'affaire Nestlé, est explosive. Alors que la nouvelle loi du Travail se met en place, c'est la première grande casse sociale qu'elle aurait à traiter et Galderma Sophia pourrait vite tenir lieu de symbole.
- Lire sur WebTimeMedias.com (article du 20 septembre 2017) : Choc à Sophia : Galderma annonce 400 suppressions de postes!