Football : la Coupe du monde au Qatar vue par le Think Tank de SKEMA
SKEMA PUBLIKA s’est intéressé à la Coupe du monde de football au Qatar, événement controversé mais totalement exceptionnel par l’ampleur du développement des infrastructures nécessaires et le défi posé aux organisateurs de planifier, d’organiser et de mettre en scène l'un des plus grands événements sportifs au monde. Le rapport pointe 10 domaines à surveiller de près dans "un parcours semé d'embûches".
C’est une Coupe du monde controversée qui va s’ouvrir dimanche 20 novembre au Qatar. Ce sera le point culminant d’une préparation sans précédent pour une compétition. La durée de l’organisation de cette Coupe du monde, l’ampleur du développement des infrastructures nécessaires pour pouvoir l’accueillir, les controverses qui, visiblement, attendaient le Qatar et la FIFA au moindre tournant, sans oublier les questions politiques sensibles associées : tout aura été frappant et sans commune mesure souligne SKEMA PUBLIKA dans son rapport sur les enjeux et défis que pose ce grand événement sportif.
Think tank international indépendant adossé à la Business School, SKEMA PUBLIKA s’est intéressé à ce méga événement sous l’angle qu’il s’est assigné : anticiper et penser les transformations sociétales et géopolitiques de demain pour alimenter le débat public. Le rapport, rédigé par Simon Chadwick, professeur d’économie géopolitique du sport à SKEMA Business School examine ainsi à la loupe l’accueil de la Coupe du monde masculine de la FIFA par le Qatar, ainsi que le degré de préparation du pays pour organiser le tournoi, la gestion de l’événement et l’héritage de ce rendez-vous titanesque pour le pays.
"Des leçons majeures sur l'état de notre monde actuel"
Dans la conclusion, sont mises en avant des thématiques qui pourraient poser problème aux organisateurs qatariens et de la FIFA, à l'occasion de l'un des plus grands événements sportifs jamais organisés, mais certainement aussi l'un des plus controversés. “Cela fait 14 ans que le Qatar a commencé à travailler sur sa candidature à la Coupe du monde et 12 ans qu'il a obtenu les droits d'organisation”, note Simon Chadwick. “Au cours de cette période, le pays a été mêlé à de nombreuses polémiques mais en définitive il revient aux Qatariens l’immense responsabilité de planifier, d’organiser et de mettre en scène l'un des plus grands événements sportifs au monde”.
“La Coupe du monde 2022 ne sera pas un tournoi comme les autres. C’est un projet de construction nationale soutenu par une grande vision, qui aura néanmoins été confronté à une série de défis moraux, idéologiques et d’organisation. Le tournoi révélera ou non le succès du Qatar en tant qu’organisateur d'un méga-événement, mais il mettra également en lumière des leçons majeures sur l'état de notre monde actuel, sur la manière dont le sport a été affecté par une série de gigantesques changements et sur ce que l'avenir réserve à l'organisation d’événements de cette ampleur et au sport en général”.
Les dix domaines à surveiller de près
Le rapport pointe 10 domaines à surveiller de près pendant la Coupe du monde :
- Activisme ouvert et provocateur de la part de joueurs, de supporters ou d’autres personnes dans une volonté de faire passer des messages remettant en question le Qatar et sa manière d’organiser la compétition.
- Menace d’attaques, potentiellement physiques, mais plus probablement numériques, incluant le piratage (peut-être des systèmes de billetterie) et des campagnes organisées sur les réseaux sociaux contre le Qatar.
- Des tentatives d’ambush marketing par des marques concurrentes des sponsors officiels de la compétition, en s’appuyant sur les stéréotypes sur les Arabes et le Moyen-Orient.
- Vu les concessions consenties au sponsor de boissons alcoolisées de la FIFA et aux personnes réclamant une compétition classique, les effets de la consommation d’alcool et de l’état d’ébriété (comme le hooliganisme) pourront poser problème.
- Au vu de la pression probable sur les infrastructures critiques (et sur la nourriture, l’eau et d’autres biens importés), la résilience de l’approvisionnement et les mesures d’anticipation des imprévus peuvent être mises à rude épreuve.
- La FIFA et les organisateurs qatariens ont fait des déclarations audacieuses sur le bilan environnemental de la Coupe du monde, mais avec un grand nombre de supporters prévoyant de faire régulièrement des allers-retours depuis Doha en avion, on peut douter de la véracité de ces affirmations.
- Alors que les Qatariens ont utilisé la Coupe du monde comme outil de politique publique pour impulser des changements socioculturels positifs, il faudra évaluer l’impact de l’événement sur les droits des travailleurs et le marché du travail, sur la santé et le bien-être de la population du Qatar et sur la cohésion sociale et le sentiment d’identité nationale.
- Pour le Qatar, accueillir la Coupe du monde est censé représenter un exercice de construction de la nation, de développement de la marque nationale, de mise en œuvre de son soft power et de promotion de relations internationales positives ; il faudra évaluer de quelle manière et dans quelle mesure ces objectifs ont été atteints (ou non).
- Le rôle que joueront les réseaux sociaux et numériques pendant la compétition sera déterminant, vu la croissance de Tik Tok depuis la dernière Coupe du monde, en 2018, l’émergence du métavers et la manière dont les réseaux sociaux s’emparent de la compétition : autant de sources de questions intéressantes pour les observateurs.
- Même si certains indices suggèrent que le Qatar souhaite continuer d’accueillir des méga-événements sportifs, les questions suivantes sont inéluctables : d’une part, quels seront les retours sur investissement pour le Qatar après avoir accueilli la Coupe du monde ? D’autre part, quel est l’avenir du Qatar sur le plan stratégique, surtout dans le monde du sport ?
Lire le rapport de SKEMA PUBLIKA : "Coupe du monde masculine de la FIFA au Qatar : un parcours semé d'embûches"