Finances locales : la méthode de Cannes pour maîtriser les budgets
Une petite lumière dans le noir de l'explosion fiscale et des vertiges de dettes publiques : depuis 2015, David Lisnard, maire de Cannes, s'est engagé dans une politique d'économies de fonctionnement et de réorganisation de la mairie pour à la fois ne pas augmenter les impôts locaux, faire baisser la dette de la commune et concrétiser néanmoins les projets. L'agence Standard & Poor’s a apprécié en confirmant la note AA, la plus forte qu'une collectivité française puisse obtenir aujourd'hui.
A l'heure d'une pression fiscale qui explose à tous les niveaux, d'une dette publique qui n'en finit pas de gonfler, on regardera avec attention le chemin dans lequel Cannes s'est engagé pour réaliser des économies à tous les étages, ne pas augmenter les impôts locaux, faire baisser la dette de la commune et concrétiser néanmoins ses projets. C'est ce que promet le rapport d’orientations budgétaires que David Lisnard, maire, a présenté en conseil municipal, rapport qui "concrétise le respect des engagements et préserve les contribuables cannois".
Intempéries, pertes de ressources : les charges se sont pourtant alourdies en 2015
En voici les grandes lignes. Côté charges, pourtant, l'année 2015 n'a pas été facile à Cannes. Elle a été marquée par les intempéries meurtrières du 3 octobre qui ont provoqué d’importants dégâts sur les infrastructures, les bâtiments et les réseaux. Pour les seuls biens communaux, le coût des intempéries est estimé à 40 millions d’euros. Parallèlement à ces aléas, de 2014 à 2017, la perte de ressources pour la Ville de Cannes du fait de l’Etat (D.G.F., F.P.I.C., transfert de charges, augmentation des indices de rémunération) s’élève à 76 millions d’euros !
En dépit de ces charges supplémentaires, la commune annonce un résultat excédentaire de 24,164 millions d’euros en 2015 grâce à de nombreuses économies de fonctionnement et une réorganisation de la mairie.
2016 : continuer à lier sobriété fiscale, investissement et réduction de la dette
Pour 2016, la ville compte poursuivre ses efforts en termes de sobriété fiscale, d'investissement et de réduction de la dette communale. Les taux de fiscalité communale resteront inchangés, la surtaxe sur les résidences secondaires ne sera pas appliquée et les abattements fiscaux ne seront pas modifiés assure le maire de Cannes qui compte ainsi protéger les contribuables locaux et veiller à améliorer l’attractivité fiscale de la commune. Quant aux investissements prévus, ils seront réalisés à hauteur de 45 millions d’euros conformément au projet de mandat.
"Le désendettement continuera par une réduction historique de la dette de la Mairie de Cannes de 33,7 millions d’euros de 2014 à 2016, pour préparer l’avenir et protéger les générations futures. La capacité de désendettement est passée de 8,4 ans en 2014 à 6,63 ans au 31 décembre 2015", note David Lisnard.
Une stricte maîtrise budgétaire et un pari sur le dynamisme de la ville
Ainsi, pour une stricte maîtrise budgétaire, les efforts d’économies seront poursuivis. Le nombre de véhicules municipaux a été réduit de 78 en un an et demi et toutes les consommations de fluides ont baissé (-20% sur l’eau). Grâce à la mobilisation de tous, les dépenses réelles de fonctionnement pour 2016 diminuent de 5,5%. Fin 2016, la Mairie de Cannes comptera 156 agents de moins (-73 en 2015) depuis 2014, grâce à une gestion optimisée des départs en retraite, des mobilités et des redéploiements. Un résultat qui prend d’autant plus de relief que l’Etat impose de facto des recrutements et des augmentations de charges.
D'autre part, en misant sur son dynamisme et les recherches de partenaires, Cannes a réussi à compenser le désengagement de l’Etat (la perte de D.G.F., la Dotation Globale de Fonctionnement, est estimée à 42 millions d’euros de 2014 à 2017). Ce qui permet de maintenir en 2016 les recettes réelles de fonctionnement après les avoir augmenté de 0,5% en 2015.
L'aval de l'agence Standard & Poor’s
Une gouvernance et une gestion financière qui ont reçu l'aval de Standard & Poor’s. Lors de l'évaluation qu'elle a faite en octobre 2015, l'agence les a jugées très performantes "du fait de cibles pluriannuelles claires, d’un excellent pilotage budgétaire en recettes et en dépenses, d’une prospective financière réaliste, d’une gestion prudente de la dette et de la liquidité et d’une forte transparence financière". Standard & Poor’s a aussi confirmé la note de référence à long terme de la Ville à AA, soit la plus forte note que peut aujourd’hui obtenir une collectivité française.
De quoi conforter la "méthode de Cannes" et la réaction de la ville face à un environnement budgétaire hostile notamment à cause des décisions gouvernementales. Plutôt que de sombrer dans les récriminations, Cannes a cherché à penser et agir différemment pour garantir une maîtrise budgétaire tout en préservant la qualité du service public rendu aux Cannois et aux visiteurs. Un cycle vertueux retrouvé et une méthode qui devrait pouvoir inspirer d'autres collectivités.