Festival de Cannes : une ouverture tête haute
Le Festival de Cannes 2015 s’est ouvert hier soir avec « La Tête Haute », un film d’Emmanuelle Bercot avec Catherine Deneuve, Benoît Magimel et Rod Paradot qui crève l’écran pour son premier film. Un film ancré dans la dure réalité de la société française, à l’opposé des œuvres qui ont ouvert le Festival ces dernières années, mais qui s’est révélé tout à fait digne de cet honneur.
Loin des films glamour comme Grace de Monaco ou Gatsby le Magnifique qui ont fait l’ouverture du Festival de Cannes ces deux dernières années, c’est le film d’Emmanuelle Bercot « La Tête Haute » qui a été choisi hier pour faire l’ouverture de cette édition 2015 qui se déroulera jusqu’au 24 mai. Un film coup de poing ancré dans la dure réalité de la société française.
Le parcours chaotique d’un jeune délinquant
« La Tête Haute » relate le parcours chaotique d’un jeune gamin confronté très tôt à la justice, d’abord comme victime en étant abandonné par une mère totalement dépassée, puis hélas très vite comme délinquant qui multiplie les vols de voiture et les conduites sans permis. Des infractions qui conduiront Malony en centre éducatif, d’abord ouvert puis fermé après un passage par la case prison. Des lieux où il fera preuve d’un esprit rebelle et d’un total manque de maîtrise de soi avec de très nombreux excès de violence. Dans ce parcours qui semble sans issue, une juge pour enfants et un éducateur lui tendront régulièrement la main, mais Malony tardera à saisir cette chance avant qu’une lueur d’espoir finisse par apparaître au détour d’une première relation amoureuse qui débouchera sur une paternité précoce, sans doute difficile à assumer mais qui lui ouvrira de nouvelles perspectives.
Catherine Deneuve en juge pour enfants
C’est Catherine Deneuve qui incarne avec justesse cette Présidente du tribunal pour enfants qui, au fil des ans, finit par s’attacher à ce jeune trublion interprété par Rod Paradot, un gamin qui dégage une présence étonnante pour un premier rôle à l’écran. Le film est en grande partie centré sur cette relation dans laquelle la juge doit faire preuve d’une abnégation sans borne tant le comportement de Malony est souvent désespérant et insupportable. Une abnégation également partagée par l’éducateur joué par Benoît Magimel. Le film montre toute la difficulté de leur tâche et l’immense mérite de toute la chaîne éducative à ne pas renoncer. Souvent décriée aujourd’hui en étant régulièrement traitée de laxiste, la justice des mineurs trouve une belle réhabilitation dans le film d’Emmanuelle Bercot qui a ouvert de belle manière le Festival de Cannes 2015. Une ouverture tête haute.
EcouterLa Chronique Cannes 2015 d'Emmanuel Maumon : "La Tête Haute d'Emmanuelle Bercot" |