L'accès aux marches des intermittents pour la prestigieuse cérémonie d'ouverture fait partie d'un accord négocié hier avec la direction du festival. L'apaisement est venu aussi de l'Unedic qui s'est dit prêt à engager "toute discussion utile". La fête peut commencer.
Ils seront ce soir sur les marches, lors de la cérémonie d'ouverture, les intermittents. Mais leur présence sur le tapis rouge n'aura pas à se conquérir de haute lutte. Elle a été négociée hier après cinq à six heures de discussion entre la direction du festival et les délégués de Ciel (Cannes intermittents en lutte), le rassemblement des comités de coordination et de la Fédération spectacle CGT. Cet accès aux marches lors de la prestigieuse soirée d'ouverture fait partie d'un ensemble de mesures permettant aux intermittents de s'exprimer, d'exposer leurs revendications librement sans bloquer le Festival et risquer son annulation.
A travers cet accord de dernière heure, les intermittents ont également obtenu qu'un théâtre municipal soit "mis à leur disposition comme lieu de travail et de réunion", que le cinéma L'Olympia accueille leur conférence de presse de vendredi et qu'ils puissent organiser un pique-nique festif samedi sur la plage Macé, la plage publique de la Croisette qui accueille déjà les soirées du cinéma de la plage. De part et d'autre, c'est l'apaisement qui a été cherché. D'un côté le festival déclare dans un communiqué "permettre aux salariés intermittents de trouver des formes d'expressions adaptées au cadre de la manifestation". De l'autre, les intermittents ont promis de "respecter la mission du festival qui est d'accueillir les artistes venus du monde entier et d'aider les films".
Cet accord, certes, est loin de tout régler. Vu les affrètements de bus et les départs par train, de 7 à 10.000 intermittents feraient le voyage pendant le festival et ne disposent pas d'hébergement, tandis que des débordements sont toujours possibles. Mais l'accord a fait baisser la tension d'un cran. Les socio-professionnels cannois qui, de leur côté, ont manifesté hier "ludiquement" dans la rue d'Antibes pour défendre le festival, fanfare municipale et Bernard Brochand, le député-maire, en tête (ils étaient un millier), peuvent respirer : personne ne veut l'annulation.
Une autre avancée d'autre part aura contribué hier à l'apaisement : dans une lettre adressée au premier Ministre, l'Unedic s'est déclaré prêt à engager avec les pouvoirs publics toutes discussions utiles " sur la place du régime d'assurance-chômage dans le dispositif de soutien aux activités culturelles de notre pays". Même s'il est réaffirmé que cela se ferait "sans remettre en cause le principe de la solidarité interprofessionnelle de la réforme de juin 2003", cette réponse a été interprétée comme une volonté de sortir d'une crise qui dure maintenant depuis près d'un an.
Le Festival 2004, qui s'est fait des peurs bleues, peut aussi frapper les trois coups plus sereinement ce soir. La fête peut commencer. Avec certainement cette année quelques piments en plus : les opérations "ludiques" que les intermittents ont déclaré vouloir monter tout au long des douze jours pour qu'on ne les oublie pas.