Cannes, c’est le cinéma grand écran bien sûr. Mais en parallèle de la sélection officielle des films, le Festival s’intéresse aussi aux nouveaux formats et explore des formes d’expressions basées sur la réalité virtuelle, la réalité mixte, le vidéo mapping ou l’intelligence artificielle. Pensées pour être vécues plutôt que seulement regardées, ces nouvelles œuvres se chargent de transporter les spectateurs dans des univers immersifs où les récits deviennent expérientiels. (Photo DR).
Il y a quelques années ainsi, Cannes Next, la plateforme du Marché du Film dédiée à l’innovation et à l’avenir du divertissement, avait déjà intégré de la réalité virtuelle à sa programmation. Mais au-delà, l’an dernier, le FIF a lancé une première Compétition immersive. Elle s’était déroulée dans un endroit un peu excentré. Cette année, la 2ème édition de la Compétition immersive a été organisée en pleine lumière. Elle se tient du 14 au 23 mai au Carlton au cœur de l’action. S’y ajoute le premier “Curators Network” du Marché du Film, un Marché Immersif B2B qui s’est tenu du 13 au 19 mai à bord de l’Art Explorer, le plus grand catamaran du monde appartenant à la Fondation Art Explora. Une initiative qui vise à mettre en lumière les dernières avancées dans l’art immersif et d’en stimuler la distribution.
En ce qui concerne la Compétition immersive en cours, seize œuvres originaires de neuf pays sont sélectionnées, dont neuf en Compétition, deux Hors Compétition, et cinq dans le cadre d’un Focus luxembourgeois. Le jury international de cette édition est présidé par le réalisateur français Luc Jacquet. Il est entouré de personnalités issues de divers domaines artistiques : l’artiste américaine Laurie Anderson, l’écrivaine française Tania de Montaigne, la réalisatrice britannique Martha Fiennes, et le créateur de jeux vidéo japonais Tetsuya Mizuguchi. Ensemble, ils ont la mission de décerner le prix de la Meilleure Œuvre immersive qui sera remis le 22 mai lors de la cérémonie de clôture.
Les œuvres sélectionnées interrogent des thèmes contemporains forts tels que le rapport au corps, la nature, la domination, la technologie, et l’altérité. Certaines bénéficient de la participation de comédiens renommés comme Fanny Ardant ou Daisy Ridley. Ce qui témoigne d’un réel intérêt du monde du cinéma pour ces nouveaux langages.
Pour des producteurs comme Katayoun Dibamehr (Floréal Films), la reconnaissance de ces nouveaux formats par un festival aussi prestigieux que Cannes représente un tournant majeur. La productrice rappelle que si la réalité virtuelle a bouleversé les expériences des spectateurs depuis une décennie, elle gagne désormais une véritable légitimité artistique sur la scène internationale. La Compétition immersive montre aussi la volonté du Festival de Cannes d’être au premier plan de cette révolution comme le font d'ailleurs de leur côté la Mostra de Venise et le Festival du film de Sundance aux Etats-Unis.