Féminisation des entreprises : les femmes toujours exclues de l'Olympe ?
0 femmes PDG, 2 femmes présidentes du conseil d’administration, 1 femme Directrice Générale sur un total de 80 postes de haut niveau dans les entreprises du CAC 40 : l'édition 2023 de l'Observatoire SKEMA de la féminisation des Entreprises montre que, même si des progressions sont observées, du chemin reste à faire dans la gouvernance des grands groupes du CAC40.
Dans la gouvernance des grandes entreprises, le plafond de verre est encore loin d’avoir volé en éclat pour les femmes en matière d'inclusion. C’est ce que met en relief l’étude 2023 "Diversité & Inclusion au sein du CAC40" de Observatoire de la féminisation de SKEMA que pilote Michel Ferrary. Il s’ouvre en effet sur un premier constat : l’exclusion des femmes de l’olympe de la gouvernance d’entreprise du CAC40 avec 0 femmes PDG, 2 femmes présidentes du conseil d’administration, 1 femme Directrice Générale sur un total de 80 postes. (Photo Jorg Brockmann : Michel Ferrary, directeur de l’Observatoire SKEMA de la Féminisation des entreprises).
Une représentation des femmes toujours très faible dans la gouvernance
Professeur à SKEMA, Michel Ferrary connaît bien son sujet. Depuis 2007, il suit et analyse la présence et l'influence des femmes dans les conseils d’administration, les comités exécutifs, l’encadrement et les effectifs des 40 plus grandes entreprises privées françaises. Et en amont de la Journée mondiale de la femme, chaque début mars, il publie l’étude qui retrace les grandes tendances et évolutions de l'année écoulée.
Ce qu’il a retenu pour 2022 ? La première observation tient donc dans une représentation toujours très faible des femmes dans la gouvernance des grandes entreprises. Certes, il constate une très légère amélioration. Même s’il n’y a toujours pas de femmes Pdg, il a noté 2 femmes présidentes du conseil d’administration et 1 femme Directrice Générale soit 3,75% des 80 postes de Président et/ou Directeur Général des entreprises du CAC40 contre 2,5% en 2021. En revanche, la parité est plus proche pour les postes d’administrateurs : 254 occupés par des femmes sur les 562 postes d’administrateurs des entreprises du CAC40, soit 45,20% (+0,93% par rapport à 2021).
Les bons et les moins bons de l'inclusion
Michel Ferrary s’attache aussi aux premiers effets de la loi Rixain (30% de femmes au Comex en 2027). Un pourcentage atteint en 2022 par 12 entreprises (8 en 2021 soit une augmentation de 50%). Mais, précise-t-il, l’augmentation du pourcentage de femmes dans les comex est uniquement liée à un effet d’ajout de chaises autour de la table de direction et non à un remplacement des hommes par des femmes (le nombre de femmes d’une année sur l’autre est passé de 102 à 129, tandis que le nombre d’hommes est resté stable avec 411 en 2021 et 412 en 2022).
L’étude n’hésite pas à lister les mauvais élèves de la parité avec les 4 entreprises du CAC40 qui n’ont aucune femme au comité exécutif (ArcelorMittal, Bouygues, EssilorLuxottica, Stellantis). Elle distingue quatre catégories d’entreprises (les machistes, amazones, féminines et masculines), décerne un prix Orange à Air Liquide (l’entreprise utilise son important vivier de femmes cadres pour recruter des femmes dans son comité exécutif) et le Prix Citron (l’inverse) à EssilorLuxottica.
Vers une ghettoïsation ?
Dans certaines entreprises d’autre part, le mouvement se fait au détriment des hommes et les femmes sont surreprésentées au Comex par rapport à la population Cadres. Et Michel Ferrary de poser la question : alors que la bipolarisation sexuelle des grandes entreprises s'accentue, se dirige-t-on vers une ghettoïsation? Mais sa conclusion n’a pas changé : la féminisation des comités exécutifs et de l’encadrement a des effets positifs sur la rentabilité opérationnelle, la responsabilité environnementale de l’entreprise, la responsabilité sociétale de l’entreprise.