Eté record à Cannes : les prévisions confirmées
Taux d’occupation hôteliers en hausse sur des prix moyens de chambre plus élevés : Cannes, qui s’attendait à une saison touristique faste, n’a pas été déçue…
La Côte d’Azur s’attendait à un bel été. A une nouvelle saison record. Elle l’a eue. Cannes, qui a présenté son bilan en premier, avant la grande réunion du tourisme azuréen programmée pour le 29 septembre, aligne des chiffres en hausse tout azimut. Des résultats exceptionnels dont se sont réjouis, hier matin, les professionnels cannois de l’hôtellerie-restauration, réunis au Carlton autour de Gilles Cima, adjoint au tourisme. Qu’il s’agisse des palaces de la Croisette, des deux ou trois étoiles, des résidences hôtelières, des locations de meublés, de la restauration ou du commerce en général, l’opinion était unanime : l’été a été bon. Très bon.Bonne santé confirméeAprès avoir été brièvement considérée comme « out » par certains médias français, la destination Côte d’Azur suscite, à nouveau, un réel engouement. Cannes, comme les autres stations de la Côte en bénéficie. Chiffre d’affaires à la hausse, taux d’occupation du parc hôtelier plus qu’enviable (il oscille, en moyenne, entre 75 et 90 %) voire, saturation des capacités d’accueil de certaines résidences hôtelières, notamment en août : tous les indicateurs attestent de la bonne santé du tourisme cannois.Didier Benoit, président des hôteliers cannois, a exposé ces bonnes performances, catégorie par catégorie. Les hôtels 4 étoiles (plus de 1000 chambres) ont connu des taux d’occupation de 70 % en juillet et 80 % en août. La clientèle était russe, anglaise ou scandinave. Pour les chambres de 2 et 3 étoiles (plus de 1500) qui ont séduit, principalement, Italiens, Français et Scandinaves, c’est le mois d’août aussi qui a été le plus bénéfique, avec un taux de remplissage de 90 %. Mais ce sont les résidences hôtelières (2050 appartements ou studios) qui remportent la palme avec des taux moyens d’occupation de 90 % pour juillet et culminant… à 100 % pour août !Autre satisfaction pour le directeur du Tourisme de Cannes, Henri Ceran : la progression de l’affluence ne s’est pas faite sur des prix cassés. Au contraire : le prix moyen des chambres s’est accru de 7 à 10 % par rapport à l’été 98 qui lui même était en hausse de 8 à 10 % en comparaison à l’année antérieure. Sur deux ans, les prix moyens ont ainsi progressé de 15 à 20 %.Le grand retour des AnglaisSelon la Direction du Tourisme de Cannes, on a constaté cet été un léger recul de la clientèle en provenance des pays de l’Est au bénéfice des Scandinaves, au pouvoir d’achat supérieur. Les Américains et les riches Arabes du Moyen-Orient sont venus, comme à l’accoutumée, alimenter l’industrie du luxe. Sur la Croisette, Italiens et Français étaient également au rendez-vous. Mais la surprise est venue de Grande-Bretagne, avec un retour massif des touristes anglais. La Grande-Bretagne, qui a été à l’origine de la « découverte » de la Côte d’Azur est devenue, avec plus d’un million de visiteurs, le premier marché étranger, dépassant désormais l’Italie.Les raisons invoquées pour expliquer ces résultats exceptionnels sont nombreuses. Au premier rang des « facteurs d’attraction » : l’irrésistible climat de la Côte d’Azur, évidemment. Mais le douceur de vivre azuréenne n’explique pas tout. Les effets d’une conjoncture économique internationale favorable, conjugués aux vertus d’un soleil qui a su ne pas s’éclipser trop longtemps, ont entraîné, et entraînent depuis trois années déjà, un afflux croissant d’estivants.Le succès d’une politique d’animationLe sérieux et le standing des prestations proposées par l’ensemble des professionnels locaux du tourisme et des loisirs n’est pas étranger, non plus, à ce succès et draine un tourisme de qualité. Les croisières, les activités nautiques (plongée, voile, ski nautique..), les différents clubs de golf sont autant d’atouts à ne pas négliger.Mais, comme l’a expliqué le président du Comité Régional du Tourisme, Dominique Charpentier, c’est surtout un véritable travail de fond entrepris par les professionnels pour promouvoir l’image de la ville à l’étranger qui a porté ses fruits. Les Anglais, notamment, se sont laissés séduire par ces campagnes de marketing jusqu’à augmenter la fréquence de leurs séjours dans la région de 65 % sur les trois dernières années.Dominique Charpentier a également insisté sur un aspect qui fait de la Côte d’Azur une destination de voyage unique et inégalable : le dynamisme de sa politique culturelle et sa kyrielle d’animations estivales. Selon lui, aucune autre zone touristique française ne peut rivaliser sur ce point, à l’exception de Paris. Il a ajouté que, cette année encore, nombre d’animations ont dû refuser des gens.Quelques ombres au tableauMême si les commentaires ont été essentiellement optimistes, quelques problèmes ont été soulevés tels que la propreté des rues principales, la recrudescence de tags, la « clochardisation » de la ville aux mois d’été, la prolifération de marchands ambulants agissant en toute illégalité.Concernant les ventes à la sauvette, le commissaire central Jean-Claude Suzanne, a donné quelques chiffres dont la saisie de… 1760 beignets « clandestins » ! Il a ajouté que la priorité de la police cannoise résidait toutefois dans la sécurité et la prévention de la petite délinquance et s’est félicité d’une diminution des plaintes de 10 % sur la période juillet-août.Le tourisme : une activité cycliqueDominique Charpentier, directeur du CRT, a complété et nuancé les observations faites. Il a précisé que l’essentiel du chiffre d’affaires de la région (30 milliards de francs par an) ne se fait pas sur les seuls mois d’été mais qu’il s’échelonne sur la totalité de l’année.Juin, juillet, août ne représentent ainsi que 32 % du chiffre d’affaires global.Il a insisté sur le caractère atypique de cette région privilégiée qui fonctionne 12 mois sur 12 grâce au tourisme d’affaires, aux colloques et salons qui prennent le relais du tourisme de loisirs dès l’automne venue. Dans les hôtels cannois, un client sur deux est là pour affaires.Enfin, quelques mises en garde ont été formulées à l’encontre de ceux qui seraient tentés, dans l’euphorie des résultats obtenus, de trop monter leurs prix. Robert Vanhauter, le directeur de la Banque de France, n’a ainsi pas manqué de souligner le caractère cyclique des activités touristiques et d’inciter à la prudence ainsi qu’à la poursuite des efforts d’investissement. Des recommandations qui n’auront pas gâché pour autant l’ambiance ; hier au Carlton, le moral était résolument au beau fixe.