Denis Gautier-Sauvagnac, président de l'UNEDIC
'Nous refusons que l'Etat prenne l'argent du chômage pour financer la dépense publique et équilibrer son budget'.
En plein dans l'actualité sociale. La venue de Denis Gautier-Sauvagnac, président de l'UNEDIC à la réunion de rentrée du Gimeca (Groupement des Industries Mécaniques et Electroniques Côte d’Azur), jeudi à 18 heures au centre d'affaires de l'aéroport de Nice, coincidait avec les négociations finales sur la réforme de l'assurance chômage. Avant même d'intervenir en face des membres du groupement, Denis Gautier-Savagnac avait d'ailleurs téléphoné à Paris pour prendre le pouls des discussions en cours. La situation restait très tendue et il était difficile de savoir si le gouvernement allait accepter ou non la nouvelle version du texte.Qu'est-ce qui bloque les négociations ? Denis Gautier-Sauvagnac :Depuis des mois les pouvoirs publics disent que l'accord n'est pas valide. Or le précédent accord avait bénéficié de moins de signatures que celles que nous avons. Il n'était pas bon pour les chômeurs a-t-il été dit. Or, avec l'abandon de la dégressivité les chômeurs toucheront des allocations supérieures de 20 à 30% s'ils souscrivent au PARE. Ce qui bloque actuellement, c'est l'argent. Une question qui se matérialise par les cotisations. Nous souhaitions que les cotisations chômage des salariés et des entreprises baissent et que ces baisses soient actées : le 1er janvier 2001 et le 1er janvier 2002.L'UNEDIC se trouve actuellement bénéficiaire de 25 milliards de francs. Dans trois ans, avec les baisses de cotisations prévues, il ne le serait plus que de 2 à 3 milliards de francs. Nous avons accepté que les baisses de cotisations soient décalées (elles étaient prévues à partir du 1er juillet 2000) ce qui permet de tabler sur un solde positif de 15 à 16 milliards de francs en 2003. Nous sommes prêts à participer à des actions de formation pour les chômeurs qui sont sortis du dispositif ou qui n'ont pas accumulé assez de temps de travail pour avoir des droits. Mais ce que nous refusons c'est que l'Etat prenne l'argent de l'UNEDIC, l'argent du chômage pour financer la dépense publique et équilibrer son budget.Quels sont les risques d'une rupture avec le gouvernement ? Denis Gautier-Sauvagnac :Nous sommes actuellement au bout du chemin. Tout va se jouer entre jeudi et vendredi. Où le gouvernement accepte d'agréer une convention qui est signée par les trois représentants du patronat et par trois des cinq syndicats, cela en acceptant les deux baisses successives de cotisations. Où il prend un décrêt et 'nationalise' en quelque sorte l'UNEDIC. Dans ce dernier cas, il prend alors la responsabilité d'une rupture du dialogue social en France. Il met directement en cause une structure de dialogue bien utile dans le contexte français : le paritarisme.Est-ce que cela sonne le glas de la refondation sociale ? Denis Gautier-Sauvagnac :Le cœur de la refondation sociale pourrait être représenté par un triangle. Dans un angle, la liberté contractuelle. C'est l'organisation du travail dans l'entreprise, dans la branche, sur le plan interprofessionnel (l'UNEDIC). Le second angle, l'ordre public social (l'âge dans lequel on entre au travail, la durée hebdomadaire du travail, etc). Le troisième c'est le principe de subsidiarité. S'il n'y a pas d'accord dans la branche, dans l'entreprise ou sur le plan interprofessionnel, la régle générale, celle de l'ordre public s'applique.Nous pensons que la paix sociale se fera non pas par la loi mais par le contrat dans l'entreprise ou dans la branche. La refondation sociale vise à permettre aux partenaires sociaux de se réapproprier le dialogue social, dans le respect de l'ordre public social qui fixe les principaux généraux. L'UNEDIC est un des points d'application. Ce n'est pas le seul. Aussi, si les négociations échouent, la refondation sociale reste plus que jamais nécessaire. Il faut démontrer que le dialogue social peut vivre au lieu d'être dévitalisé.