Défi climatique : Greenpeace joue les perturbateurs à Cannes Lions
Pour dénoncer la complicité des agences de publicité avec l'industrie des énergies fossiles, Greenpeace et son "mème", le chien "This is fine", ont harcelé Cannes Lions et ses quinze mille publicitaires : intervention lors de la cérémonie d'ouverture, affichage de tracts, débarquement de kayaks sur la plage en plein événement WPP et montée en grande échelle de pompier sur le toit du Festival. Un cauchemar pour les organisateurs.
"This is fine" (Tout va bien), le "mème" de Greenpeace représentant un chien buvant sereinement son café dans une maison en feu a dû hanter les dernières nuits des organisateurs de Cannes Lions et les dirigeants de WPP, un des géants de la communication publicitaire particulièrement visé. Car depuis l'ouverture lundi du Festival mondial de la créativité, les actions de Greenpeace se sont multipliées pour dénoncer les campagnes publicitaires en faveur des énergies fossiles et le "green washing" ambiant. Et en suivant l'exemple des technologies publicitaires, elles se sont montrées médiatiquement efficaces. (Photo DR : les activistes de Greenpeace ont employé la grande échelle des pompiers pour monter sur le toit du Palais des Festivals).
Un publicitaire rend son prix en pleine cérémonie d'ouverture
Il y a eu d'abord Gustav Martner, qui, lors de la cérémonie d'ouverture du Festival, lundi soir, est monté sur la scène du Grand audi pour rendre le prix qu'il avait obtenu, en tant que publicitaire, dans une précédente édition. Au micro, il a plaidé pour une interdiction de la publicité pour les entreprises de biens et services fossiles afin de faire face à la crise climatique que nous traversons. Cette première action a été suivi d'une autre : une projection de nuit, listant les prix reçus par les entreprises des biens et services fossiles depuis l’année de l’Accord de Paris.
"No awards on a dead planet".
Parallèlement, Greenpeace a également mené une action de collage de tracs dans la ville pour afficher le célèbre mème "This is fine", accompagné du message "No awards on a dead planet". Une action qui n'a guère été prisée par le maire de Cannes David Lisnard qui a dénoncé une "dégradation du mobilier urbain" ainsi qu'un "trouble à l'ordre public avéré" et a menacé de demander l'expulsion du voilier Greenpeace amarré dans le Port Pierre Canto.
Les kayaks débarquent sur la plage
Quatrième opération spectaculaire le mercredi : les kayaks. Arrivés en kayak depuis la mer, les activistes de l'association ont envahi une plage où s'étaient réunis des publicitaires. Greepeace a cherché ainsi à perturber un événement organisé par le groupe WPP, un des géants mondiaux des groupes publicitaires pour dénoncer le fait que WPP travaille régulièrement pour des entreprises jugées "climaticides" telles que Shell, Exxon, Chevron et BP.
La grande échelle des pompiers pour monter sur le toit du palais
La cinquième opération, menée jeudi matin, aura été encore plus spectaculaire. Quarante activistes de Greeenpeace France sont arrivés sur un camion de pompiers et ont déployé la grande échelle pour monter sur le Palais des festivals. Déguisés en chien du célèbre mème "This is fine", symbole du déni des agences de publicité face à l’urgence climatique, deux activistes sont montés en haut de l'échelle, tandis qu'en parallèle, deux autres activistes déployaient une banderole couleur feu proclamant "fossil fuel ads are burning the planet", à proximité de la scène.
"Les agences de publicité ne peuvent plus ignorer leur responsabilité dans le changement climatique"
"Les agences de publicité ne peuvent plus ignorer leur responsabilité dans le changement climatique" a martelé en accompagnement des ces actions choc Edina Ifticene, chargée de campagne énergies fossiles à Greenpeace France. "Les entreprises fossiles détruisent le climat et le secteur de la publicité est complice ! Il est temps de choisir son camp : les agences seront-elles du côté du vieux monde qui lutte pour maintenir ses profits au détriment des générations futures, ou bien en tête de file du combat pour l’avenir ?"
La question a été posée, clairement, dans le langage de la pub, aux quelques 15.000 publicitaires réunis par Cannes Lions, tandis que le mouvement pour la fin des fossiles est lancé à travers une pétition qui jeudi avait déjà reçu 230.000 signatures.