Déchets : 'Arrêtons de faire l'autruche!'

Posté jeu 16/12/1999 - 00:00
Par admin

Principal cheval de bataille des Verts : le problème des déchets dans les Alpes-Maritimes. 'Il devient crucial, mais rien ne bouge !' tonne Jean-Raymond Vinciguerra.

Jean-Raymond Vinciguerra est conseiller général des Alpes-Maritimes (canton de Grasse sud) suppléant du député André Aschieri (Les Verts), et secrétaire régional de FARE sud. Parmi les 'faits d'armes' de la Fédération d'actions régionales pour l'environnement, le combat contre le tracé du TGV Méditerranée, l'annulation du POS (plan d'occupation des sols) de Marseille et celle du SDAU (schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme) de Cannes-Grasse-Antibes. 'J.R' est aussi président de la coordination des associations qui a porté le fer contre le projet de l'A8 bis (hier 'Coordination des associations contre l'A8bis, aujourd'hui Coordination pour un schéma intermodal des transports).Aux côtés d'André Aschieri, député et maire de Mouans-Sartoux, il s'active à faire bouger les choses sur le délicat dossier du traitement des déchets dans les Alpes-Maritimes. Un sujet dont tous s'accordent à souligner l'urgence, mais à propos duquel les solutions tardent manifestement à émerger.Sophianet : rien ne bouge, dîtes-vous. A qui la faute ? Jean-Raymond Vinciguerra :'Les élus sont fautifs, bien sûr. La seule collectivité à avoir pris le problème en considération, c'est la ville de Nice, dont l'incinérateur del'Ariane brûle les boues qui viennent de la station d'épuration Haliotis. On peut critiquer le choix de l'incinérateur, mais au-moins il y a un début de solution. A l'ouest du département, la situation est critique. Le secteur produit 450 000 tonnes de déchets. Ils sont pour l'instant mis en décharge ou brûlés dans l'usine d'incinération d'Antibes. La fermeture de la décharge du Jas-de-Madame, maintes fois annoncée, est sans cesse reportée, faute de solution plus satisfaisante. La société gestionnaire du site, Sud-Est Assainissement propose d'exploiter un site contigü, le vallon de la Glacière. Les riverains, qui craignent les multiples nuisances, ont déposé de nombreux recours. Il y a effectivement des risques pour la santé publique, compte-tenu de la nature géologique du sol et des menaces de pollution de la nappe phréatique. Le maire de Villeneuve-Loubet, Lionel Luca, est partisan de la création d'une usine d'incinération. Quant à l'usine d'incinération d'Antibes, longtemps hors normes, elle a subi des transformations pour être en règle, mais elle ne résistera pas à la prochaine directive européenne. Les décideurs locaux ont fait l'autruche : la mise en décharge est une solution peu onéreuse, par rapport à la construction d'une usine d'incinération ou à la mise en place de solutions plus innovantes de tri sélectif et de recyclage. Mais il va falloir se réveiller ! Une nouvelle loi sur le traitement des déchets va obliger toutes les collectivités à ne plus mettre les déchets ménagers en décharge à partir de 2002, mais seulement les déchets ultimes.Y-a-t-il tout de même des initiatives positives ? Jean-Raymond Vinciguerra :Le syndicat intercommunal de la vallée de la Siagne, présidé par Maxime Coullet, conseiller général et maire de St Cézaire, a un projet intéressant, sans incinération, mais il manque de moyens. Le conseil général lui a accordé une subvention. Avec Edgar Malaussena, conseiller régional des Verts, nous nous battons pour renforcer l'aide de la Région en faveur des collectivités qui font le choix de la valorisation.Sophianet : pourquoi êtes-vous opposé à l'incinération ? Jean-Raymond Vinciguerra :L'incinération n'est pas une solution : brûler des déchets bruts qui sont une mine de matières premières recyclables - papiers, cartons, verre... - c'est idiot, et cela consomme beaucoup d'énergie ! Au bout de la chaîne, on ressort quand même 30% de déchets qui vont en décharge ! C'est plus intelligent de trier et de recycler. Mais dans ce domaine, le département est très en retard.'

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