CRT Côte d'Azur lâché par la Région : le Département paiera
Le CRT Côte d'Azur vivra. Et cela en dépit de la décision du Conseil régional de supprimer sa subvention annuelle de 730.000 euros et de ne plus reconnaître que le CRT Provence Alpes Côte d'Azur. Le Département compensera intégralement le désengagement financier de la Région. Un nouvel épisode dans la guerre sourde entre les LR macron compatibles et non compatibles.
Le Comité Régional de Tourisme Côte d'Azur ne sera pas supprimé malgré le coup de Jarnac que lui a porté la Région PACA en décidant de ne plus le soutenir financièrement et de faire du CRT régional Provence Alpes Côte d'Azur l'unique comité régional du tourisme. Pour la Côte, qui met en avant ses particularités dans le domaine du tourisme pour justifier l'exception de deux CRT dans une même région, il ne s'agit cependant pas d'une victoire. (Photo crédit Departement06 : de gauche à droite, Eric Ciotti, député, Charles-Ange Ginésy, président du département, David Lisnard et Claire Behar, respectivement président et directrice du CRT Côte d'Azur, lors de la conférence de presse).
Le soutien "indéfectible" du Département
Car le Conseil régional n'est pas revenu sur sa décision, votée le 23 juillet dernier, de supprimer la subvention annuelle de 730.000 euros et de ne reconnaître qu'un seul CRT. Tout simplement, si l'organe de promotion du tourisme azuréen est aujourd'hui sauvé, c'est parce que le Département des Alpes-Maritimes compensera intégralement le désengagement financier de la région. Il soutenait actuellement le CRT à 80%. Il passera ainsi à 100% de son financement. La totalité. Ce soutien indéfectible a été annoncé hier lors d'une conférence de presse donnée à Nice par Charles Ange-Ginésy, président du Conseil départemental.
Un CRT azuréen déjà menacé en 2012
Ce n'est pas la première fois que le CRT Côte d'Azur est menacé. Pour rappel, en 2012, sous la présidence de Michel Vauzelle, la région avait déjà menacé de supprimer sa subvention. Mais, face à l'union sacrée des élus azuréens, elle avait reculé et avait continué depuis à soutenir financièrement le CRT Côte d'Azur. Cette fois, l'union politique azuréenne a été moins "sacrée", même si plus de 90 élus maralpins et 650 socio-professionnels azuréens du tourisme ont rappelé, dans une lettre adressée au Président de Région, Renaud Muselier, la nécessité de "maintenir une agence de promotion de la Côte d’Azur de proximité, souple et réactive, ayant fait ses preuves depuis plus de 79 ans".
Le "fer de lance" des politiques touristiques azuréennes
C'est ce qu'a rappelé une nouvelle fois Charles-Ange Ginesy lors de la conférence de presse. "Le CRT Côte d’Azur France, crée en 1942, est un outil de développement touristique et de promotion de notre territoire qui accueille chaque année 13 millions de visiteurs, engendre 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires, et crée plus de 75 000 emplois directs, représentant plus du tiers de l’économie touristique de toute la région. Parce qu’il a fait ses preuves depuis longtemps et à plus forte raison dans l’adversité, et parce qu’il est en ordre de marche pour relever les défis qui nous font face, le CRT Côte d’Azur France est, et restera, le fer de lance de nos politiques touristiques ici sur la Côte d’Azur".
Un retour des dernières élections régionales
Reste que le problème aujourd'hui n'est pas vraiment celui de la pertinence du CRT azuréen qui a fait preuve de son efficacité dans les périodes difficiles qu'a traversées le tourisme de la Côte (attentat du 14 juillet 2016, crise Covid notamment). Ce retrait de la Région est considéré comme un "retour" des dernières élections régionales, au cours desquelles David Lisnard, maire de Cannes (et également président du CRT Côte d'Azur) avait clairement indiqué qu'il ne s'impliquerait pas dans un soutien à Renaud Muselier, LR comme lui, si ce dernier s'alliait à LaREM. Solidement réélu au second tour, Renaud Muselier n'aurait pas pardonné.
Une union cette fois moins "sacrée" pour la défense du CRT
Le débat devrait d'ailleurs se poursuivre sur le plan juridique. David Lisnard a annoncé hier qu'il irait en justice contre des "accusations fantasmées et grotesques" du président de la Région qui, justifiant sa décision, déplorait "que David Lisnard se serve du CRT pour financer sa campagne présidentielle" selon des propos retransmis par Nice-Matin. L'union sacrée, qui avait permis d'emporter la bataille de 2012, est désormais bien fissurée avec des clans Ciotti (le Département) et Estrosi (la Métropole), issus de la même famille politique mais de moins en moins sur la même longueur d'onde. Et si le CRT Côte d'Azur est de nouveau sauvé, cette fois, le Département paiera.