A retenir une interview d'Elie Cohen, directeur de recherche au CNRS et membre du Conseil d’analyse économique. Publiée sur le site de Boursorama.com, elle donne un éclairage intéressant sur la crise de l'euro que nous vivons actuellement, ainsi que sur les problèmes particuliers de l'Italie et de la sous-compétitivité française. Le récent plan de mesure d'austérité? Classique, mais négligeable par rapport au déficit structurel et bâti sur deux logiques incompatibles pour Elie Cohen : la préservation des mesures annoncées en 2007 et les contraintes budgétaires de la crise.
L'Italie ? Une situation beaucoup plus préoccupante que la Grèce "car l’Italie représente la troisième économie de la zone euro et cumule une dette de 1.900 milliards d’euros. Le FESF n’est pas calibré" pour cela. Avec une pointe concernant la gestion européenne de la crise grecque. "La gestion de la crise grecque, pays ne représentant que 2% du PIB de la zone euro, révèle les formidables dysfonctionnements de la gouvernance européenne : nous avons fabriqué une crise majeure à partir d'une difficulté mineure." Des dysfonctionnements graves dans la gestion de la crise qui obligent à repenser complètement la gouvernance de la zone euro.
Au sujet de la France, Elie Cohen pointe ses problèmes de sous-compétitivité flagrants, notamment par rapport à l’Allemagne. "Des crises successives nous ont révélé les insuffisances de notre système productif, incapable de monter en gamme, en spécialisation, en valeur ajoutée... Pourquoi la France qui a mené à bien des grands projets industriels pendant les Trente glorieuses n’a pas réussi à prendre le virage de l’économie de la connaissance ?" s'interroge-t-il. Et d'apporter quelques éléments de réponse par la baisse des investissements de R&D par rapport aux 30 Glorieuses, le goût des grands projets étatistes plutôt que de l’innovation décentralisée, le saupoudrage des initiatives publiques avec des pôles de compétitivité trop nombreux, la création de meccanos institutionnels, etc.
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