Conjoncture: le souffle de la reprise n'a pas encore touché la Côte
Dans son bilan de conjoncture de juin 2015, la CCI Nice Côte d'Azur a cherché à savoir si la tendance de reprise annoncé au niveau national avait touché les Alpes-Maritimes. La réponse est : pas vraiment. L'activité continue de stagner avec l''emploi qui chute, un secteur du bâtiment qui s'enfonce, un commerce à la baisse. Quelques signes quand même favorables dans l'hôtellerie, les services aux personnes, les parfums et arômes.
Le département suit-il la tendance de reprise qu'a indiquée l'Insee en juin au niveau national? Les Alpes-Maritimes, qui ont jusqu’alors bénéficié d’un effet retard avec des répercussions plus tardives de la crise, voient-elles venir les premiers signes d’amélioration? C'est ce qu'a cherché à scruter la traditionnelle note de conjoncture qu'établit la CCI Nice Côte d'Azur chaque semestre. Réponse : pas vraiment. Le début d’année 2015 reste globalement comparable au début d’année 2014. Le département voit son volume d’activité stagner, sans se détériorer en ce qui concerne la demande interne, alors que la demande externe progresse légèrement (+0,5%).
L'activité industrielle peine à décoller
Autre indice : l’appréciation des chefs d’entreprise sur leur niveau d’activité au 1er trimestre 2015 qui reste dégradée. Ils n’anticipent pas une amélioration de leurs carnets de commandes à court terme. Le niveau des marges, des trésoreries, ainsi que des investissements sont au point mort et recule même fortement pour certains secteurs comme la construction. Avec un impact direct sur l’emploi (-0,5%), toujours déficitaire par rapport au 1er trimestre 2014.
Secteur par secteur, l'activité industrielle peine à décoller en ce début d’année 2015. C’est un nouveau trimestre sans croissance notable de l’activité depuis plus d’un an. Avec deux exceptions : les industries des produits aromatiques et les industries alimentaires. Ce sont les 2 branches qui connaissent une évolution positive par rapport au premier trimestre 2014 (+1%). Les autres branches industrielles ont une activité qui reste molle ou en léger recul.
Même si les chefs d’entreprises anticipent un volume d’affaires restant à flot avec des carnets de commandes qui devraient s’enrichir à court terme, l’appréciation de l’activité continue de se détériorer. Les entreprises industrielles estiment que leur situation financière est moins bonne qu’il y a un an (marges, trésorerie, investissements). L’emploi dans le secteur est stable et devrait le rester pour les prochains mois.
Bâtiment et Travaux publics s'enfoncent
La construction, on s'en doute a continué de souffrir. L’activité de ses deux branches (Bâtiment et Travaux Publics) souffre beaucoup d’un volume d’affaires qui n’arrive pas à redécoller (-3% pour le bâtiment et -4% pour les TP). Les carnets de commandes restent encore en décroissance d’un trimestre à l’autre, ce qui pénalise de façon non négligeable la situation financière selon les chefs d’entreprise. Les marges des entreprises se réduisent encore, rendant les trésoreries de plus en plus tendues.
Et surtout, toujours désespérant : il n’y a pas de signe tangible d’amélioration de l’activité pour les prochains mois. Tout juste l’augmentation des logements neufs commencés au 1er trimestre 2015 pourrait améliorer les carnets de commandes à terme pour le bâtiment. Dans ce contexte morose, l’emploi du secteur s’est à nouveau fortement dégradé au 1er trimestre 2015 par rapport au 1er trimestre 2014 (-5%).
Le commerce à la baisse
L’activité commerce a baissé au premier trimestre (-1 % par rapport au 1er trimestre 2014) avec tout juste une amélioration pour le commerce de détail alimentaire (+2%). On note aussi une amélioration de l’activité, bien que moins forte, pour le commerce des loisirs et pour l’équipement de la personne (une augmentation de 1% pour ces 2 branches). Les équipements de la maison connaissent le plus fort recul d’activité par rapport à l’année dernière (-2.5%).
L’appréciation de l’activité est mauvaise pour les chefs d’entreprises. Ils n’arrivent toujours pas à dégager une marge suffisante pour se constituer le capital nécessaire à l’investissement. Le niveau d’investissement risque encore de se dégrader. L’emploi reste stable sur cette période, et les prévisions ne montrent aucune évolution pour les prochains mois.
Les services maintiennent globalement leurs activités au 1er trimestre 2015
L’hôtellerie (+3%) ainsi que les services aux personnes (+3%) enregistrent une bonne activité en ce début d’année. Les exportations sont plutôt bonnes par rapport au 1er trimestre de l’année dernière (+ 2,5%). Cependant les chefs d’entreprises ont au global une appréciation de leur activité qui reste mauvaise. Les carnets de commandes ne sont pas pleins pour les entreprises du secteur. Les chefs d’entreprises du secteur ne prévoient pas une amélioration de leur trésorerie à court terme. L’emploi arrive difficilement à se maintenir au premier trimestre par rapport à l’année dernière.
High tech : les TIC stabilisent, les Sciences du Vivant ralentissent leur croissance
Côté high tech, un zoom est fait à chaque bilan de conjoncture sur les TIC et les Sciences du Vivant. Sur la Côte d’Azur, le pôle des Technologies de l’Information et de la Communication stabilise son niveau d’activité (+1% de chiffre d’affaires à 4.05 milliards d’euros) et parvient à légèrement augmenter ses effectifs (+ 2%, atteignant quasiment les 21 100 emplois). Constituant une grande partie des entreprises de la French Tech Côte d’Azur, le pôle des TIC est composé d'entreprises aux savoir-faire variés. Se dégagent ainsi plusieurs secteurs.
- Composants et systèmes électroniques (microélectronique) : le secteur, très pointu, est le premier employeur du pôle avec plus de 6 000 personnes, dans moins d’une centaine d’entreprises (principalement sur le bassin de Cannes et Sophia Antipolis).
- Réseaux et Télécommunications : on y trouve près d’une centaine d’entreprises, dont la moitié à Sophia Antipolis, pour 1 600 emplois.
- Logiciels/Progiciels : près de 300 entreprises, implantées en grande partie à Sophia Antipolis, emploient un quart des effectifs du pôle.
- Internet : près de 300 entreprises emploient moins de 900 personnes sur le bassin de Nice, puis Sophia Antipolis et enfin Cannes.
- Services associés : composés du plus grand nombre d'entreprises, principalement sur la technopole de Sophia Antipolis, puis sur Nice, les services associés emploient un quart des effectifs du pôle.
Avec 263 établissements, générant 3.01 milliards d’euros de chiffres d’affaires, le pôle des Sciences du Vivant est en croissance depuis une bonne dizaine d'années. Un mouvement de fond qui s'est poursuivi au premier trimestre 2015 (+ 3%), en particulier grâce aux exportations. Le rythme d’évolution est cependant inférieur à celui enregistré au cours des trimestres précédents et les carnets de commandes sont moins remplis qu’en 2014. Les chefs d’entreprises ont ainsi une appréciation de leur activité en net recul.