Christian Van Ghelder : Sophia quand même?
'Sophia reste un vivier de créativité et d’innovation que toute l’Europe, voire les Etats-Unis, nous envient' estime le Vice-Président Europe de Lucent Technologies.
Christian Van Ghelder est un peu le 'poil à gratter' de Sophia Antipolis. Le Vice-Président Europe de la Société Lucent Technologies, leader mondial pour l’équipement dans le domaine des Télécommunications, n'a pas peur de dire ce qu'il pense. Il avait notamment tapé du poing sur la table pour dénoncer la faiblesse des réseaux télécoms de la technopole. Un point en cours de règlement. Preuve qu'il est utile parfois de bousculer la quiétude en déclarant haut et fort ce tout le monde pense tout bas…Les axes de développement de Lucent depuis sa création et ses grandes orientations stratégiques ? Christian Van Ghelder :'La volonté de Lucent Technologies est de se développer sur les marchés internationaux, et en particulier, en Europe. Notre croissance se fait de façon organique mais aussi au travers d’acquisitions et de partenariats. (Les acquisitions de Livingstone, Octel et Ascend en sont une bonne illustration).Les domaines d’expertise de Lucent Technologies se situent dans la microélectronique, les fibres optiques, les centraux téléphoniques, les réseaux mobiles, les réseaux de données, les logiciels pour les Opérateurs des Télécommunications et des groupes d’intégration et de maintenance. La Société, leader sur ce marché, a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 38 milliards de dollars en 1999, avec près de 40 % de ce chiffre à l’international.La Société s’appuie sur un vivier d’experts plus connu sous le libellé « Bell Labs », sur des relations étroites avec les universités les plus prestigieuses et sur une excellente connaissance de ce marché, compte tenu de la richesse de son portefeuille de clients.Concernant notre implantation sur la région, nous sommes arrivés en 1998 et nous avons aujourd’hui un effectif de près de 300 collaborateurs et un réseau important de partenaires.Nous sommes spécialisés sur des logiciels de gestion de réseaux, de facturation des abonnés ainsi que des logiciels que régissent les services proposés par les Opérateurs, tels que le numéro vert, le televoting, les cartes prépayées, les systèmes de messagerie multimédia. Nous avons, en outre, établi des centres de maintenance et de training, au niveau européen.'Qu’est-ce qui avait motivé votre choix de Sophia Antipolis pour Lucent ? Christian Van Ghelder :Tout un ensemble de facteurs positifs : la proximité d’un aéroport facile d’accès et de fréquence internationale, la localisation au sein de l’arc méditerranéen qui favorise nos contacts avec l’Europe (notamment le sud), un creuset de savoir-faire exceptionnels dans le développement des logiciels, en particulier, des sous-traitants installés sur place, un réseau de partenaires réactifs et compétents qui ont, pour certains comme Cicom Organisation au CICA et Côte d’Azur Développement, beaucoup œuvré pour favorisé notre implantation et nous aider à développer rapidement des projets technologiques dans un contexte adapté aux attentes de nos clients. Le dynamisme du marché dans lequel nous travaillons et notre croissance ont certainement perturbé quelques acteurs locaux qui subissaient la croissance au lieu de la gérer.Ces derniers mois, vous avez exprimé votre mécontentement face à la lenteur des prises de décision qui paralysent toute initiative technologique et foncière, pourquoi ? Christian Van Ghelder :Dans les années 80, les autorités locales avaient planifié l’importance des infrastructures et avaient mis en commun des ressources chères (Telecom1, fibre optique) pour l’usage des grandes sociétés.Les ressources chères sont devenues des commodités et le tissu économique a changé avec un développement très important des petites et moyennes sociétés devant aller se battre à l’international. Les infrastructures, elles, n’ont pas suivi dans les rapports performance/prix demandés par la nouvelle économie.Devant cette situation et les inerties locales, nous avons reporté notre investissement à Rome, Milan, Madrid et Bonn, où nous avons ouvert des centres. Celui de Rome, où nous attendons la livraison cet été, d’un nouveau bâtiment de 5 000 m2 est spécialisé sur les réseaux Intelligents. Celui de Milan va se focaliser sur les réseaux mobiles de 3ème génération.Sophia reste néanmoins un vivier de créativité et d’innovation que toute l’Europe, voire les Etats-Unis, nous envient. J’ai ainsi découvert des start-ups très performantes tels Realviz, Vidéo Sud Production, qui ont su, dans le domaine audiovisuel, par exemple, anticiper mes besoins et me fournir des prestations de grande qualité en un temps record.Dans le domaine universitaire également, je développe des projets en partenariat avec des étudiants de la Villa d’Arson, de l’Edhec et du Ceram, et souhaite vraiment que nous puissions offrir à tous ces talents qui font la richesse de Sophia, des moyens appropriés nous permettant de « garder une longueur d’avance » sur les technopoles étrangères !