CCI régionale PACA : la crise larvée éclate en plein jour!
Elle couvait depuis plusieurs mois, la crise à la CCI Régionale Provence-Alpes-Côte d'Azur, l'entité qui chapeaute les 6 CCI territoriales (une par département) de la Région. Face aux désaccords qui bloquent le fonctionnement de la CCIR, Dominique Estève, son président, a annoncé ce matin son intention d'engager un renouvellement complet du bureau.
La crise qui couvait depuis quelques mois à la CCI régionale PACA a fini par éclater au grand jour ce matin. Une seconde assemblée générale ayant dû être annulée faute de quorum (le même blocage s'était déjà produit en novembre dernier), Dominique Estève, président, a décidé de prendre acte des désaccords que lui oppose une majorité des membres du bureau de la CCIR. Dans un communiqué, il annonce la convocation d'une Assemblée générale extraordinaire dans les prochaines semaines pour un renouvellement complet des 12 membres du bureau, l'instance exécutive de la CCIR. En revanche il a réaffirmé sa volonté de ne pas démissionner de son mandant, estimant qu'il n'avait commis aucune faute dans l'exercice de sa mission.
Dominique Estève avait été élu pour cinq ans en février 2011 à la tête de la CCI régionale de Provence-Alpes-Côte d'Azur. Cette nouvelle entité prenait le relais de l'ancienne Chambre régionale de Commerce et d'Industrie avec, à la clé, des pouvoirs étendus résultant de la réforme des CCI de 2010. La CCIR PACA vient ainsi chapeauter les 6 CCI territoriales de la région. Sa mission principale est de piloter la mutualisation et l’optimisation des moyens du réseau consulaire régional. Elle intervient comme un centre de ressources de services supports des 6 CCI, définit les orientations en matière de gestion des ressources humaines ainsi que de gestion financière et de politique d’affectation de la ressource fiscale. En clair, elle tient en partie les cordons de la bourse.
Vu le poids de la CCI des Bouches du Rhône (sur 59 conseillers régionaux, elle dispose de 23 conseillers contre 12 pour les Alpes-Maritimes), Dominique Estève n'avait été élu à la présidence il y a quatre ans qu'en menant une stratégie d'alliance avec les "petites" CCI territoriales (Var, Vaucluse, Alpes-de Haute Provence et Hautes Alpes). Il l'avait ainsi emporté par 34 voix contre 25 pour Jacques Pfister, président de la CCI Marseille Provence.
Des alliances qui aujourd'hui semblent s'être renversées. Si les représentants des Alpes-Maritimes, Bernard Kleynhoff, président de la CCI Nice Côte d'Azur en tête, étaient bien présents pour l'assemblée générale ce matin, les représentants des autres CCI territoriales avaient pour la plupart joué la carte de la chaise vide. D'où, une nouvelle fois, l'impossibilité d'atteindre le quorum et de débloquer la situation.
Ce blocage inquiète d'autant plus que le réseau CCI traverse une passe financière difficile suite aux ponctions que lui impose l'Etat et qu'un plan de réduction des effectifs est engagé pour faire face à la baisse des ressources. Il est ainsi prévu de 275 à 300 suppressions d'emplois d'ici la fin octobre 2015 sur quelque 1.600 collaborateurs des six CCI territoriales et de la CCI régionale. Pour tenter l'apaisement, Dominique Estève, dont le mandat court jusqu'à la fin de 2015, avait bien proposé de "prendre de la distance" et de laisser la gestion courante à son vice-président, Francis Guillot, alors président de la CCI d'Arles (il a démissionné il y a quelques jours de la CCIT et de la CCIR). Une proposition qui n'avait pas été retenue.
Quant aux raisons de ce conflit interne, elles ne sont pas apparues clairement jusqu'à présent, Dominique Estève parlant, de son côté, d'antagonismes territoriaux, calculs politiques et ambitions personnelles. Voir ci-dessous le texte complet de son communiqué.
Dominique Estève : "je ne participerai plus au gachis""Depuis plusieurs semaines, la CCI de Région Provence-Alpes-Côte d’Azur que je préside fait face au blocage de son fonctionnement institutionnel, lequel a notamment conduit à l’annulation consécutive de deux Assemblées Générales, les 26 novembre 2014 et 29 janvier 2015, faute de quorum. 5 mois pour rienJ’ai pris acte du profond désaccord que m’oppose une majorité des membres du Bureau, l’instance exécutive de la CCI de région Paca. En application des règles consulaires, je convoquerai une Assemblée Générale extraordinaire dans les prochaines semaines. Il y sera procédé au renouvellement complet de ses membres. Depuis 5 mois j’ai offert l’opportunité à mes opposants de mettre en oeuvre leurs options, en prenant de la distance dans la gestion courante de la CCIR. Hélas, aucune avancée concrète n’a été réalisée ni proposée. Si j’entends bien assumer toute ma responsabilité, je considère n’avoir commis aucune faute dans l’exercice de ma mission. Par conséquent, je ne suis pas démissionnaire. En revanche, la prochaine Assemblée Générale peut et doit être l’occasion d’un débat transparent et d’une prise de conscience collective. Je propose donc à mes opposants de laisser derrière eux leurs antagonismes territoriaux, leurs calculs politiques et leurs ambitions personnelles et de se tourner vers ce qu’il nous reste à faire. Ce qu'il nous faut faire"Il faut que la responsabilité l’emporte et que nous recommencions à écouter les entreprises que nous servons et qui ont besoin de nous pour surmonter la déprime économique. Il nous faut montrer un autre visage que celui de la désunion, de l’immobilisme et de l’inefficacité collective à ceux qui veulent démanteler le réseau des CCI. Il faut, face aux coupes financières, s’organiser, optimiser nos moyens humains, pour mieux absorber le choc des plans sociaux pourtant inéluctables. Nous avons déjà perdu beaucoup trop de temps. A titre personnel, je ne participerai plus au gâchis mais continuerai de faire entendre ma voix et mes opinions. Pour répondre à l’inquiétude légitime de nos collaborateurs comme pour oeuvrer dans l’intérêt des entreprises et des territoires de PACA, je formule le souhait que la majorité silencieuse de nos élus ne se résigne pas et persévère dans son engagement." Dominique Estève |