Casino Carlton Club : fermé au plus fort de la saison !
Faute d'avoir pu obtenir le transfert des jeux au Palm Beach, Patrick Partouche a procédé lundi à 0 heures, à la fermeture de l'établissement situé au septième étage du Carlton de Cannes.
Un casino cannois qui ferme au plus fort de la saison touristique, ce n'est pas fréquent. C'est pourtant ce qui est arrivé dans la nuit de dimanche à lundi au Carlton Casino Club (160 millions de francs de recettes brutes de jeux en 2000 et premier établissement français pour les jeux de table). Comme Patrick Partouche, le directeur général de l'établissement l'avait annoncé, l'établissement a fermé ses portes lundi 6 août à 0 heures. C'est d'ailleurs Isidore Partouche, le patriache fondateur du groupe Partouche, président du directoire qui a procédé à la fermeture.Le ministère de l'Intérieur refuse le transfert au Palm BeachLes raisons ? Il ne s'agit pas de pur masochisme. Un bras de fer est engagé depuis un peu plus d'un mois avec le ministère de l'Intérieur. Voilà six mois, Patrick Partouche avait demandé le renouvellement des jeux au Palm Beach, l'ancien grand casino cannois que le groupe Partouche avait racheté en 1999. Le transfert des jeux lui semblait d'autant plus naturel que le bail au septième étage du Carlton se terminait le 5 août 2001 (il avait été signé le 5 août 1998 pour une durée de trois ans), et que toutes les autorisations avaient été obtenues (municipalité, sécurité, préfecture, etc.) pour une réinstallation au Palm Beach.Il y a un mois, cependant, le dernier feu vert, celui du Ministère de l'Intérieur, n'était pas accordé. Bernard Brochand, le nouveau maire de Cannes, monta en personne à Paris plaider la cause du transfert. Le Carlton Casino Club est une manne pour la ville. L'an dernier 35 millions de francs provenant de la taxe communale sur les jeux sont venus grossir les recettes cannoises. D'autre part, Cannes s'est attaché à la relance du Palm Beach fermé depuis 1991. Rien n'y fit cependant.Suppression de 154 emploisHier, avant minuit, les responsables du Carlton Casino Club ont attendu sans succès un fax du Ministère de l'Intérieur accordant le transfert. Il y avait d'ailleurs peu d'espoir. Quelques jours auparavant, Daniel Vaillant, le ministre, avait confirmé un refus justifié par un situation juridique incertaine sur la propriété de la parcelle de terrain sur lequel se trouve construit le Palm Beach. Une situation conflictuelle (la ville et le syndicat des copropriétaires de la Croisette se disputent la propriété du terrain) qui dure maintenant depuis 10 ans !Pour Patrick Partouche, il n'y avait aussi qu'une seule solution : fermer l'établissement ce qui impliquait parallèlement la suppression des 154 emplois (casino et restaurant "Belle Otéro" compris). Cela en dépit d'une petite volte-face du ministère de l'Intérieur qui, le vendredi 3 août, indiquait d'une façon officieuse qu'il était prêt à assouplir sa position pour un maintien … au Carlton. Il déclarait se satisfaire désormais, faute d'un nouveau bail en bonne et due forme, d'une non-dénonciation du bail commercial qui lie le groupe Partouche à la Société des Hôtels réunis, propriétaire des locaux.Un casino structurellement déficitaireCe qui n'a pas manqué de faire fulminer Patrick Partouche."On me refuse le Palm Beach et on me parle de rester dans les lieux au Carlton pour un an sous conditions suspensives! Cette solution n'intéresse personne. Elle n'intéresse ni notre groupe : le Casino Carlton est structurellement déficitaire depuis sa création en 1989. Cette année, nous allons perdre de 5 à 7 millions de francs. Ni le Carlton qui engage à la rentrée une opération d'extension de 600 millions de francs et compte récupérer le septième étage pour y créer des suites de très grand standing. Elle n'intéresse pas non plus la ville qui est décidée à relancer le Palm Beach."La suite ? Un plan social doit être engagé dès aujourd'hui pour les 154 employés avec un effort de reclassement dans les autres établissements que le groupe possède à Juan-les-Pins, Beaulieu, Aix ou Lyon. Le dossier du Carlton Casino Club est repris depuis 0 heure lundi en direct par Isidore Partouche. A lui de trouver une issue à ce bras-de-fer engagé entre l'une des plus puissantes sociétés de jeux européennes et le ministère de l'Intérieur français. Avec pour enjeu le mythique Palm Beach…