Cannes : une seconde Palme d'Or pour Ken Loach
Les frères Dardenne, qui figuraient dans les favoris, repartent bredouilles sans ce qu'ils pouvaient espérer être une troisième Palme d'Or. En revanche Ken Loach, à dix ans de distance (une palme pour "Le vent se lève en 2016), remporte sa seconde Palme d'or. Un Grand Prix du Jury aussi pour Xavier Dolan, et un coup de chapeau à l'Iranien Asghar Farhadi, lui aussi cinéaste du "réalisme social".
La Palme d'or du Festival du film 2016 a été attribuée hier soir à Ken Loach pour "I, Daniel Blake" (Moi, Daniel Blake), un véritable réquisitoire contre les injustices sociales et l'austérité en général. Ken Loach, dans ce film qui a touché le jury présidé par George Miller, raconte l'histoire d'un menuisier de 59 ans qui, pour la première fois de sa vie, est contraint de faire appel à l’aide sociale à la suite de problèmes cardiaques. Bien que son médecin lui ait interdit de travailler, il se voit signifier l’obligation d’une recherche d’emploi sous peine de sanction. Au cours de ses rendez-vous réguliers au "job center", Daniel va croiser la route de Rachel, une mère célibataire de deux enfants qui de son côté a été obligée d’accepter un logement à 450 km de sa ville natale pour ne pas être placée en foyer d’accueil.
En recevant sa Palme d'or, Ken Loach qui aura 80 ans le 17 juin, a espéré que puisse se maintenir "un cinéma de protestation", et a de nouveau fustigé "un projet d'austérité qui est conduit par des idées que nous appelons néo-libérales, qui risquent de nous amener à la catastrophe". Ken Loach, avait déjà emporté la Palme d'or en 2006 pour "Le Vent se lève" en 2006. Avec cette Palme 2016, il entre dans le cercle fermé des double palmés, à l'instar de Shohei Immamura, Francis Ford Coppola, Jean-Pierre et Luc Dardenne, Bille August, Emir Kusturica et Michael Haneke.
Xavier Dolan, qui avait marqué aussi les critiques est reparti quant à lui avec un Grand Prix pour son film "Juste la fin du monde". Un coup de chapeau aussi au film Forushande (Le Client) de l'Iranien Asghar Farhadi, lui aussi cinéaste du "réalisme social". Il emporte le Prix du Scénario, tandis que son acteur principal, Shahab Hosseini est couronné par le Prix d'interprétation masculine. Considérés par la critique comme une Palme d'or potentielle, (ç'aurait été leur troisième!) les frères Dardenne ("La Fille inconnue") repartent bredouilles. Tout comme les réalisateurs américains Jim Jarmusch ("Paterson") et Jeff Nichols ("Loving").
Autre prix prestigieux : celui de la Caméra d'or. Ce prix qui vient récompenser le meilleur premier film a été attribué à "Divines" de Houda Benyamina (Quinzaine des Réalisateurs), une jeune réalisatrice franco-marocaine qui, elle a plaidé la cause féminine. Houda Benyamina est d'ailleurs une des révélations de cette édition 2016 avec ce film foisonnant et haletant autour de la vie d'une jeune fille vivant dans un camp de roms en marge d'une cité de banlieue parisienne.
Le Palmarès de la Sélection officielle
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- + d'infos sur le site officiel de Festival de Cannes : www.festival-cannes.com
- Voir également dans WebTimeMedias les critiques d'Emmanuel Maumon: "Moi, Daniel Blake" , le coup de colère poignant de Ken Loach et Xavier Dolan divise avec "Juste la fin du monde"