Cannes n’est pas seulement la ville du cinéma et de l’événementiel. C’est aussi un des bastions français de l’industrie spatiale avec, bien sûr, Thales Alenia Space, mais également plus d’une dizaine de PME innovantes et l’émergence d’acteurs du newspace. Un secteur industriel en pleine montée, essentiel à la souveraineté nationale et européenne, que David Lisnard, le maire de Cannes, tient à défendre. C’est le sens de son intervention auprès du Premier ministre, Sébastien Lecornu, en faveur de la contribution nationale au budget de l’Agence spatiale européenne (ESA). (Photo DR : Sentinel 3D en test dans les salles blanches de Thales Alenia Space Cannes).
Une baisse jusqu'à 700 M€ de la contribution nationale envisagée
Dans un courrier adressé au Premier ministre le 14 octobre 2025, David Lisnard a tenu à souligner les risques de déclassement encourus par la filière d’excellence française du spatial qu’entraîneraient les baisses de budgets envisagées par la France dans le cadre de la prochaine conférence ministérielle (CMIN25) de l'Agence Spatiale Européenne (ESA) pour la période 2026-2028. Une conférence qui se tiendra à Brême les 26 et 27 novembre prochains.
En effet, il est envisagé une baisse jusqu’à 700 millions d’euros de la contribution nationale au budget de l’Agence spatiale européenne (ESA). Pour le maire de Cannes, s’il est impératif que l’Exécutif redresse les finances publiques, cela doit s’opérer avant tout par la réduction du fonctionnement bureaucratique dispendieux de l’Etat et sans menacer les fleurons industriels stratégiques de la Nation, sources de prospérité, de sécurité et de souveraineté.
"Garantir notre souveraineté technologique, tant civile que militaire"
“Investir dans l’industrie française du spatial, c’est garantir notre souveraineté technologique, tant civile que militaire” souligne-t-il. “La France dispose encore de la première industrie spatiale d’Europe, mais ses atouts sont aujourd’hui concurrencés. L’Allemagne, mais surtout de plus en plus l’Italie, sont sur le point de nous dépasser ! L’hypothèse envisagée par le gouvernement de réduire massivement la participation de la France à l’Agence spatiale européenne remettrait en question la pérennité de notre stratégie de défense, de compétitivité et d’emploi. Au contraire, notre pays doit être leader de cette ambition européenne, et ne pas s’autofragiliser au risque de se faire décrocher".
Dans les orientations évoquées par Bercy, la participation française pourrait diminuer de 3,2 milliards d’euros à 2,5 milliards dans son hypothèse la plus pessimiste. Il s’agit d’une réduction significative qui affaiblirait durablement la filière spatiale nationale en matière de défense, de compétitivité face aux grands concurrents (Etats-Unis, Chine, Allemagne ou Italie) et pèserait sur l’emploi (2.000 à 4.000 emplois sur la seule période 2026-2028.
Ce que David Lisnard propose
Et de rappeler que la France figure parmi les leaders dans ce domaine avec des sites industriels stratégiques de qualité à Toulouse ou encore à Cannes. Le pays représente à lui seul 40% de l’industrie spatiale européenne employant 30.000 personnes et générant 11 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
Le Maire de Cannes propose ainsi de maintenir les investissements français notamment dédiés aux technologies spatiales, favoriser les échanges entre opérateurs traditionnels et ceux émergents du Newspace ou encore garantir une commande publique stable et lisible. Autant d’actions pour inscrire la France et ses industriels dans une démarche spatiale ambitieuse, à la fois européenne et mondiale.
Cannes : berceau historique du spatial françaisCannes entretient un lien historique et profond avec la conquête des airs et de l’espace. Dès 1929, la ville accueillait les Chantiers aéronavals Étienne Romano, des usines aérospatiales dans les années 1950 puis enfin en 2007, le chef de file français du spatial : Thales Alenia Space, aujourd’hui l’un des principaux employeurs privés des Alpes-Maritimes et importante usine d’assemblage de satellites d’Europe. Le site conçoit, intègre, teste et livre des satellites de télécommunications, d’observation de la Terre, de météo, de navigation et de sciences spatiales. Quelques exemples récents : Sentinel, SWOT, IRIS², KOMPSAT, MTG... Il est réputé pour ses “salles blanches ”, zones ultra-propres uniques en Europe. Actuellement, Cannes développe SOLiS (démonstrateur de liaisons laser à très haut débit), la plateforme Space INSPIRE et participe au projet souverain européen de constellations haut débit IRIS². Au total, le bassin cannois aligne 17 entreprises du secteur, représentant plus de 2.600 emplois et un chiffre d’affaires cumulé de plus de 600 millions d’euros. A citer notamment Soditech (ingénierie systèmes spatiaux), Teledyne E2V (électronique spatiale), Starburst Accelerator, E.Nova, et une dizaine de startups NewSpace dans l’orbital, l’observation, les capteurs et l’IA spatiale. Une dynamique qui devrait s’accentuer avec le “newspace” et se prolonger en 2026 à travers un projet ambitieux de Campus de l’espace sur le périmètre de la Métropole Cap Azur qui rassemble Cannes, Grasse et Sophia Antipolis L’organisation de plusieurs grands événements témoigne aussi de ce positionnement appuyé sur le spatial : Cannes accueillera du 27 au 29 novembre au Palais des Festivals le premier festival international “Cinema for Space” dédié au cinéma de l’espace et à la médiation scientifique autour des enjeux spatiaux actuels, ainsi que les 4èmes Rencontres du Spatial en Région Sud le 27 novembre et en début d’année prochaine, ce sera ActInSpace. |