Cannes : nouvel épisode dans la bataille du Palm Beach
Le conseil municipal retire la délibération sur un transfert des jeux du Casino Carlton vers le Palm Beach. Propriétaire des deux établissements, le groupe Partouche obligé de patienter...
Pour le Palm Beach de Cannes, fermé depuis 1991, c'est une occasion de réouverture manquée. Pour le groupe Partouche, désormais aux commandes, c'est toute la stratégie d'implantation sur Cannes, fief du groupe Barrière, qui se trouve provisoirement contrariée. Car il n'est plus possible pour lui d'envisager de faire la saison d'été dans ce qui a été le plus célèbre des casinos français. Le conseil municipal de Cannes a réduit pratiquement à zéro cette option en retirant de l'ordre du jour de sa dernière séance publique la question du transfert des jeux du Casino Carlton au Palm Beach.La prise du Palm BeachLe monde des jeux s'était d'ailleurs demandé l'an dernier, pourquoi le groupe Partouche avait racheté le Casino Carlton au London Club Limited. Le premier casinotier français est connu pour des établissements grand public avec machines à sous. Or le Casino Carlton, au septième étage du palace de la Croisette, tire l'essentiel de son activité des jeux traditionnels (c'est le premier casino français en ce domaine) La réponse ne tardait pas.Le groupe Partouche renégociait alors avec la CGIS (le pôle immobilier de Vivendi), le rachat de 30,3% des parts de la SFCMC, la Société fermière du casino municipal de Cannes contrôlée par Diane Barrière-Desseignes. L'accord conclu fin 1998 lui permettait de pousser un peu plus ses pions sur Cannes: en prime du rachat du bloc d'actions pour 230 millions de francs (contre 280 précédemment), Vivendi ajoutait la société Cannes-Balnéaire, propriétaire du Palm Beach.D'où, début 1999, après la prise de contrôle du Palm Beach, une nouvelle phase offensive: le groupe Partouche proposait à la ville de Cannes de rouvrir le casino en le rénovant. Comme il avait perdu son autorisation de jeux, il était demandé un transfert des jeux du Carlton vers la pointe Croisette et, parallèlement, la montée du parc de machines à sous de 50 à 200 unités. C'est l'exécution de cette stratégie qui se trouve retardée.Partouche mise sur la duréeLa cause du recul de la ville? Elle est à chercher dans l'affaire même du Palm Beach qui empoisonne la vie locale depuis le début des années 90. Une lutte ouverte oppose le syndicat des copropriétaires de la Pointe Croisette et la ville sur la propriété du terrain de deux hectares sur lequel a été construit en 1928 le casino. Avant la dernière réunion publique qui devait entériner le transfert, Philippe Sassi, représentant des copropriétaires, avait envoyé une lettre recommandée à chaque conseiller municipal, menaçant d'attaquer pour délit de favoritisme si la délibération était adoptée.'Je n'ai rien contre Partouche,déclare-t-il volontiers. Mais le Tribunal de grande instance de Grasse doit rendre le 11 mai un délibéré sur trois points: la propriété du terrain; la validité du bail amphithéotique de cent ans consenti à Cannes Balnéaire; la demande d'exécution provisoire du jugement. Décider avant ce jugement, ce serait peser sur la justice'. Traumatisés par 'l'après Mouillot' et les mises en examen qui pleuvent, la municipalité cannoise a préféré sagement retirer la délibération...Un épisode dont Patrick Partouche, responsable du groupe pour le sud, se serait passé. 'Le dossier de transfert a franchi toutes les étapes administratives, il a passé le contrôle de légalité. Douze millions de francs de travaux ont déjà été engagés pour la rénovation du bâtiment. Nous répondons à ce que demandent la municipalité et les professionnels du tourisme depuis des années: rouvrir le Palm Beach, la locomotive de Cannes.'Compte tenu des délais, Patrick Partouche reconnait cependant que la réouverture pour juillet tient désormais de la mission impossible. Mais il compte jouer sur la durée. 'Qui aurait dit, il y a deux ans que nous racheterions le Palm Beach et que nous pourrions y transférer les jeux du Carlton. Or nous sommes propriétaires du casino jusqu'à la fin du bail centenaire. Jusqu'en 2027...'