Cannes : deux gros contrats pour Alcatel Space
L'établissement cannois, qui a emporté le marché d'Hispasat D et de quatre gros satellites pour GE Americom, est aujourd'hui en pleine phase d'embauche.
Deux contrats acquis coup sur coup : Alcatel Space à Cannes a engrangé du travail pour les deux ou trois prochaines années. Hispasat, en choisissant Alcatel Space pour agrandir son réseau satellites (un satellite à construire, Hispasat D) avait déjà regarni le carnet de commandes du constructeur cannois la deuxième semaine de juillet 2000.Mais surtout, c'est le contrat avec l'Américain GE Americom, signé le 18 juillet dernier, qui est le plus porteur d'avenir. D'abord par son ampleur : quatre puissants et énormes satellites (entre 4 et 5 tonnes chacuns). Ensuite par son montant : il a été évalué à 450 millions de dollars (plus de 3 milliards de francs). Enfin parce qu'Alcatel Space, met ainsi solidement un pied sur le marché américain qui est le plus important au monde et le mieux gardé par les Américains eux-mêmes.Hispasat 1D sera livré dans 23 moisHispasat 1D a été conquis à la suite d'une compétition internationale lancée par Hispasat SA. L'opérateur de systèmes de communication a ainsi sélectionné Alcatel Space pour construire un nouveau satellite dont la livraison est prévue dans 23 mois. Alcatel avait déjà été choisi comme maître d'œuvre d'Hispasat 1C opérationnel depuis mars 2000. Le nouveau modèle utilisera la plate-forme Spacebus 3000B qui compte plusieurs points forts : possibilité d'adapter de grandes antennes et de nombreux transpondeurs, haute précision de pointage et grande autonomie.Cela sera nécessaire pour les missions d'Hispasat 1D : diffusion de télévision numérique (y compris celles en direct vers l'utilisateur), télécommunications, transmission de données et de vidéos et accès aux services Internet et multimédia. Avec les Hispasat 1A, 1B et 1C, il offrira une couverture multi régionale à l'Europe, aux Amériques et à certaines régions de l'Afrique du Nord. Sa durée de vie sera de 15 ans. Alcatel Space sera responsable de la construction et de la livraison, mais aussi de la campagne de lancement, des opérations de mise à poste, des essais en orbite, de la formation des opérateurs et de la fourniture des moyens sol pour le contrôle du satellite.Le gros contrat américainEn ce qui concerne le contrat américain, Alcatel Space avait déjà travaillé pour GE American Communications (GE Americom), filiale du groupe General Electric. Mais il s'agissait d'un contrat obtenu incidemment. GE Americom dont le fournisseur attitré est Lockheed Martin, avait besoin d'un satellite rapidement et Alcatel Space avait une levée d'option qui se trouvait disponible et était capable de fournir dans les douze mois.Les quatre gros satellites à construire (des plateformes Spacebus 4000, donc des satellites de 4 à 5.000 kg) représentent cette fois un 'vrai' contrat américain pour le groupe. Les satellites, qui seront livrables fin 2002, seront construits à Cannes tandis que la charge utile sera montée sur le site d'Alcatel à Toulouse. Alcatel Space se chargera également de la mise à poste (guidage du satellite jusqu'à son orbite), des essais en orbite et de la formation des opérateurs à l'aide du simulateur également fourni par le groupe.Trois à quatre cents embauchesLes deux contrats sont d'autant plus intéressants que l'établissement cannois n'avait guère engrangé de nouveaux clients au cours des deux dernières années. La situation certes restait bonne, le plan de charge étant assuré jusqu'à la fin du premier semestre 2001 avec les marchés précédemment signés.Il reste encore à terminer dans les salles blanches cannoises Eurasiasatqui sera lancé en novembre 2000; Jason, satellite d'observation des océans, tiré fin décembre; Meteosatnouvelle génération qui partira début 2001; Eutelsatpour juin 2001; Astra, programme qui a pris du retard en raison de modifications demandées par le client, courant 2001. 'Le marché des satellites,fait-on remarquer à Alcatel Space, est cyclique. La crise en Asie, notamment, avait ralenti les commandes. Tout cela semble maintenant se réveiller, tandis que les compagnies qui étaient déjà équipées en satellites songent à les remplacer.L'établissement de Cannes attend d'autre part toujours le démarrage du programme Skybridge d'une constellation de satellites qui devrait encore accroître son plan de charge. Le programme, qui a pris une bonne année de retard, n'est pas abandonné. Les tours de table restent en cours et une décision devrait intervenir en automne. Le groupe, par les contrats déjà acquis, n'en embauche pas moins. Deux cents ingénieurs sortis des écoles devraient être recrutés dans l'année et plus d'une centaine de sous-traitants devraient être embauchés. L'industrie spatiale cannoise est aujourd'hui en plein boom…