Cannes : ce que l'Intelligence Artificielle peut apporter à l'Art…

Artificial Intelligence commence par Art. C'est cette rencontre de l'art et de la technologie, parfois sujet de contreverse, qui a été mise en lumière lors du WAICF, le World Artificial Intelligence Cannes Festival, qui s'est tenu en fin de semaine dernière au Palais des Festivals. Ce volet Art et IA, piloté par Diana Landi, experte IA & Art de l'Institut EuropIA, présidente de Art-tech, était illustré dans le salon par trois projets : NEFFIE (l'analyse de vos réponses émotionnelles et cognitives devant une image), le "Miroir d'Art" (en temps réel, transposition d'une vidéo dans le style d'une œuvre picturale) et les tableaux générés par l'IA (les émotions humaines automatiquement exprimées en images). (Photo WTM : Diana Landi face au Miroir d'Art).

"Ce sont des humains qui ont choisi les images sur lesquelles l'algorithme est basé"

"L'apprentissage profond, l'explosion quantitative des données numériques, l'Internet des Objets, le stockage à distance et surtout l'IA couplée à la complexité quantique seront capables, non seulement d'augmenter considérablement la rapidité de traitement des données mais également de prédire et stimuler certains processus naturels", explique Diana Landi, passionnée par le sujet. Ce qui pour elle, n'enlève en rien à la créativité humaine dans l'élaboration d'une œuvre d'art. "Ce sont des humains qui ont choisi les images sur lesquelles l'algorithme est basé", poursuit-elle en prenant l'exemple du célèbre portrait d'Edmond Belamy, réalisé à partir d'un algorithme. "Ce sont des humains qui regardent et interprètent l'œuvre. Ce sont des humains qui ont choisi le cadre, qui assignent une valeur, vendent ou achètent cette œuvre".

Au WAICF, les trois espaces consacrés à l'Art et IA, reflétaient bien cette alliance entre l'humain et la technologie.

• Les tableaux générés par l'IA avaient pour but de but de mettre en valeur un système d'IA qui permet de générer des tableaux exprimant des émotions humaines comme la tristesse, la peur, la colère, la joie. Les deux acteurs, humains et machines, interagissent ainsi dans un objectif commun : exprimer d'une façon artistique des sentiments intérieurs.
• Le Miroir d'art était quant à lui surprenant. Une caméra vous filme en continu et la vidéo est projetée sur un grand écran. Initialement, le rendu est celui d'une caméra traditionnelle. Mais grâce à un système d'IA, l'image peut être transformée en temps réel et s'adapter au style d'un tableau que l'on choisit, avec ses couleurs, son dessin et formes. Basé sur l'apprentissage profond, et en particulier sur le "style transfert", la technologie employée par ce système permet la détection des caractéristiques de style d'une œuvre picturale et sa transposition sur des images réelles. Etonnant de se voir entrer dans un tableau de Kandinsky, de Fernand Léger ou du Japonais Hokusai et de son iconique "grande vague".
• La troisième présentation, celle de NEFFIE (Art, futur & Intelligence Artificielle) est tout aussi étonnante. Développée à partir de la réinterprétation créative d'un photomaton, la plateforme NEFFIE traite nos réponses émotionnelles et cognitives à l'observation d'une image et nous en donne une représentation tangible. Elle rend l'invisible visible en proposant une photographie absolument unique pour chacun d'entre nous, photographie qui raconte notre vision personnelle du monde. L'expérience se joue dans une ancienne cabine photomaton italienne revisitée, équipée de biocapteurs spécifiques et bien sûr de l'algorithme IA.

Une expérience qu'il sera possible tester encore jusqu'au 26 avril dans la galerie Issert de Saint-Paul de Vence. Le projet NEFFIE sera approfondi ensuite au Milan Image Art Fair, puis lors d'un événement similaire à Venise en automne.