Cannes : Alcatel seul maître à bord des satellites
Le groupe français, qui a racheté pour près de 800 millions d'euros les parts de Thales dans sa filiale Alcatel Space, compte accentuer son positionnement télécom.
Grandes manœuvres chez Alcatel : le groupe a annoncé mercredi 16 mai, le rachat pour 795 millions d'euros de la participation de Thales dans sa filiale Alcatel Space. Cette prise de contrôle totale du premier constructeur européen de satellites (et premier constructeur mondial en 2000 pour les seuls satellites de communication) intéresse au plus haut point l'économie azuréenne. L'un des établissements d'Alcatel Space se trouve en effet à Cannes La Bocca (le second site important étant celui de Toulouse) et connaît depuis deux ou trois ans une formidable montée en puissance. Ainsi, près de 2.000 personnes y travaillent actuellement alors que l'établissement comptait moins de 1.200 salariés en 1998.Leader mondial pour les satellites de télécommunicationsAlcatel Space est une société jeune. Elle est née en juillet 1998 de la fusion des activités spatiales d'Aerospatiale, d'Alcatel, de Thales et de Cegelec. Mais elle a connu en 1999 et en 2000, un superbe développement. Elle a réalisé un chiffre d'affaires d'1,3 milliard d'euros (plus de 8,5 milliards de francs) en 2000 et a conquis une place de leader mondial sur le marché des satellites de télécommunications. L'an dernier, dix prises de commandes sont intervenues dans ce domaine (+ 60 % depuis 1998). Et 2001, avec notamment 3 satellites supplémentaires à construire pour GE Electronic, s'annonce toujours aussi porteur.Autres exemples. Alcatel Space, qui déploie ses technologies satellitaires également dans l'observation radar ou la météorologie, a récemment remporté le plus important contrat pour des satellites scientifiques (369 millions d'euros) jamais attribué par l'Agence spatiale européenne dans ce domaine. Succès aussi dans le militaire : fin novembre 2000, le groupe a emporté la réalisation du système de télécommunications militaires par satellites Syracuse 3, pour un montant de 9,125 milliards de francs.Jeu égal avec les géants américainsPour le journal Le Monde "ce rachat pour 795 millions d'euros (5,2 milliards de francs) est un nouvel épisode de la recomposition du paysage industriel aéronautique et spatial européen. Deux pôles spatiaux se sont progressivement constitués depuis 1998 : Alcatel Space - issu de la fusion des plate-formes satellitaires d'Aérospatiale (devenu EADS), des charges utiles d'Alcatel et des stations au sol de Thomson-CSF (devenu Thales) - et Astrium - né du rapprochement des activités spatiales du franco-britannique Matra Marconi Space et de l'allemand DaimlerChrysler Aerospace.Une industrie spaciale européenne qui, désormais fait jeu égal avec les géants américains Lockheed, Boeing et Loral. Elle a réussi à conquérir 50% du marché mondial "ouvert", c'est-à-dire celui des satellites commerciaux de télédiffusion et de télécommunications.Le champion de l'embauche dans le départementSeul maître à bord des satellites, Serge Tchuruk, Pdg d'Alcatel, pourra parachever l'intégration des activités spatiales au sein de son groupe de télécommunications. Nous voulons " développer la synergie entre les métiers des télécommunications et d'Internet d'Alcatel et les métiers spatiaux d'Alcatel Space, combiner les réseaux terrestres et la technologie spatiale , explique ainsi Pascale Sourisse, directeur général d'Alcatel Space. Alcatel considère en effet la composante spatiale associée aux réseaux terrestres de télécommunications comme un élément-clé dans la chaîne de transmission de l'information. "Le but est d'être capable de faire une offre complète en terme de réseaux sol et satellitaire et de fournir aux opérateurs des solutions et des services de bout en bout ", estime Pascale Sourisse.Alcatel aura désormais les moyens d'exprimer cette vision puisqu'il devient le seul grand industriel leader à la fois dans les télécommunications et le spatial. Ces nouvelles ambitions et ces nouveaux enjeux ne peuvent que profiter au site de la Bocca. Ce qui ne manquerait pas de se traduire en terme d'emplois. L'établissement cannois est d'ailleurs déjà devenu le premier recruteur du département avec 750 embauches lancées sur douze mois.