Cannes 2015 : Woody Allen au meilleur de sa forme

Alors que la compétition entre dans le dur avec deux films éprouvants : « Le Fils de Saul » de Laslo Nemes qui nous plonge à Auschwitz au cœur de la Solution finale, et « The Lobster » de Yorgos Lanthimos qui embarque le spectateur dans un monde totalement fou où les célibataires ont 45 jours pour trouver l’âme sœur sous peine de se transformer en animal, c’est Woody Allen qui a créé l’événement aujourd’hui avec « L’homme irrationnel », une comédie noire mais jubilatoire.

Une renaissance par un passage à l’acte

Le film raconte l’histoire d’un prof de philo dépressif et alcoolique qui débarque au sein d’une université de province où il ne tarde pas à avoir deux liaisons, l’une avec une de ses collègues qui compte sur lui pour oublier un mariage désastreux, et l’autre avec son élève la plus brillante qui devient vite sa meilleure amie. Un jour, alors qu’ils sont tous les deux dans un bar, ils surprennent une conversation à la table voisine, qui va le pousser à prendre une décision qui fera basculer leur destin. Un passage à l’acte qui va lui redonner le goût de vivre tout en l’entrainant dans un engrenage fatal. Même s’il aborde des questions existentielles et métaphysiques, Woody Allen le fait avec légèreté et brio réussissant un subtil mélange des genres avec un passage de la comédie romantique au film noir.

Un duo d’acteurs épatants

Le cinéaste new-yorkais fait aussi preuve de sa virtuosité dans la direction d’acteurs avec un Joaquin Phoenix parfait dans le rôle de ce prof désabusé qui retrouve le goût de jouir en se transformant en justicier qui s’applique avec méthode à transgresser toutes les règles. Révélée par Spider Man, Emma Stone qui avait déjà tourné avec Woody Allen dans « Magic in the Moonlight », est rayonnante en étudiante qui manifestement sort du lot et dont on comprend aisément que, malgré une certaine résistance au début, son prof de philo finisse par succomber à ses charmes. Elle a aussi visiblement comblé son réalisateur qui semble revigorer et nous livre avec « L’homme irrationnel » un petit bijou qui démontre que Woody Allen est toujours au meilleur de sa forme et qu’il serait bien dommage qu’il mette un terme à sa carrière, ce à quoi, parait-il à 80 ans, il commence à songer.