Cannes 2015 : Vincent Lindon confronté à la dure loi du marché
Présentation aujourd’hui du second film français en compétition, « La Loi du marché » de Stéphane Brizé avec Vincent Lindon. Un film qui plonge le spectateur dans la dure réalité du monde du travail en suivant le parcours d’un chômeur de longueur durée qui sera ensuite confronté à un dilemme moral pour conserver son nouvel emploi.
Après « Mon Roi » de Maïwenn hier et avant, demain, « Marguerite & Julien » de Valérie Donzelli, le cinéma français est de nouveau sous le feu des projecteurs aujourd’hui au Festival de Cannes avec la présentation de « La Loi du marché » avec Vincent Lindon, un film de Stéphane Brizé sur la dure réalité du monde du travail aujourd’hui.
Le chemin de croix d’un chômeur de longue durée
« La Loi du marché » raconte l’histoire de Thierry, un ouvrier au chômage depuis 20 mois qui a perdu son emploi, après 25 ans dans la même entreprise, parce que son patron a décidé de fabriquer le même produit dans un pays où la main d’œuvre est moins chère. Le film relate d’abord le chemin de croix d’un chômeur de longue durée confronté à des stages sans débouchés ; des entretiens d’embauche infructueux et à l’inefficacité d’un système qui souvent, même involontairement, vous humilie. Thierry encaisse les coups avec dignité et, pour subvenir aux besoins matériels de sa famille, finit par accepter un emploi d’agent de sécurité chargé de la vidéosurveillance des rayons dans une grande surface. Même si on le sent mal à l’aise dans son travail lorsqu’il doit appeler la police pour deux barquettes de viande volées par un petit vieux sans le sous, il prend sur lui et fait son job consciencieusement. Mais la situation devient intenable lorsqu’on lui demande d’espionner ses collègues avec la volonté de pouvoir ainsi licencier du personnel afin d’augmenter les bénéfices de l’entreprise. Doit-il devenir le complice d’un système inique ou retomber dans la précarité ?
Vincent Lindon tire son épingle du jeu
Pour interpréter cet homme confronté à un dilemme moral pour conserver son emploi, Stéphane Brizé a fait appel à Vincent Lindon, son acteur fétiche qu’il a déjà fait tourner dans deux de ses films : « Mademoiselle Chambon » et « Quelques heures de printemps ». Dans « La Loi du marché », Vincent Lindon tire à merveille son épingle du jeu et parvient, tout en sobriété et en retenue, à susciter l’empathie du spectateur en dégageant une sorte d’énergie brute. Il faut dire qu’il est au centre de la plupart des plans et que Stéphane Brizé le filme comme un boxeur qui reçoit des coups sans forcément s’attarder que celui qui les donne. Vincent Lindon se retrouve d’ailleurs seul acteur face à des amateurs qui exercent le même métier dans la vie que dans le film. Là encore une volonté du réalisateur pour renforcer le caractère de documentaire de « La Loi du marché ». De ce point de vue, le pari n’est pas forcément gagné mais là n’est pas l’essentiel. Avec « La Loi du marché », Stéphane Brizé est parvenu à réaliser un film fort qui met en lumière la brutalité du monde du travail. Un système qui humilie les gens ordinaires et qui souvent les pousse à s’humilier eux-mêmes.