Pour son troisième film après Pardonnez-moi et Le Bal des actrices, Maïwenn s’est retrouvée tout étonnée d’être sélectionnée pour le Festival de Cannes. Pourtant, pour sa première apparition sur la Croisette, la jeune cinéaste de 35 ans a marqué les esprits avec Polisse, un film dans lequel elle raconte le quotidien des policiers de la Brigade de Protection des Mineurs à Paris. Un quotidien où les gardes à vue de pédophiles succèdent aux arrestations de pickpockets mineurs, ce qui explique que les flics de la BPM aient souvent du mal à trouver l’équilibre entre leurs vies privées et la réalité, même s’ils s’efforcent parfois de garder une certaine distance en partant dans des fous rires incontrôlables dans les moments les plus impensables, ou en parlant crûment de leurs « histoires de cul ».
Pour faire partager cet univers, Maïwenn a tenu à avoir la précision et la justesse d’un documentaire grâce auxquelles elle parvient à faire adhérer totalement le spectateur, même lorsque vient se greffer une histoire d’amour entre l’écorché du groupe, incarné par un remarquable Joeystarr, et une photographe, mandatée par le ministère de l’intérieur pour faire un livre de photos sur cette brigade, dont il supporte pourtant difficilement au début le regard extérieur. Malgré un huis clos parfois étouffant, Maïwenn, bien aidée par une pléiade d’acteurs emballant, réussit le tour de force de livrer un film choral harmonieux dont on ressort heureux. Un film qui pourrait bien se retrouver au palmarès de ce 64ème Festival de Cannes.