"Bon stress, mauvais stress" : l'avis d'expert de Guillaume Pertinant
C'est aujourd'hui tout autant un problème de société qu'un problème économique. Le stress a été placé sur le devant de la scène médiatique par la série de suicides à France Télécom. L'initiative de Xavier Darcos en février dernier de publier une liste rouge des entreprises censées ne rien faire pour combattre le stress chez elles (liste retirée dès le lendemain sous la pression) avait porté la question sur le terrain de l'économie.
C'est cette question du stress en entreprise que Guillaume Pertinant cherche à éclairer. Se présentant comme "un ingénieur chez les DRH", sa spécificité est de traiter du stress sous deux aspects : la santé des personnes et la santé (économique) des entreprises.
Directeur général d'Havasu Consulting, une société de "développement du capital humain" installée à Sophia Antipolis, il a ouvert récemment un blog sur la gestion du capital humain en entreprise pour élargir le cercle de la réflexion. Il y partage ses observations, ses informations et conseils relatifs à la gestion du capital humain en entreprise (prévention, gestion et analyse du coût du stress, absentéisme, rotation de personnel, engagement professionnel, bien être au travail etc.). Dans cet "avis d'expert", il traite du "bon stress, mauvais stress".
Bon stress, mauvais stress
"Aujourd'hui encore, il gravite autour de la problématique du stress de nombreuses idées polémiques. Celle qui consiste à débattre du stress comme étant bon ou mauvais est certainement une des plus ancrée.
Essayons d'y voir plus clair en rassemblant l'état de la recherche en la matière : - Depuis Selye, Laborit et al. nous savons que le stress est une réaction, un processus d'adaptation aux événements qui menacent nos besoins fondamentaux (sécurité, identité, etc.). - Les psychologues et avant eux les philosophes ont démontré que l'évaluation de tout événement était teinté par la subjectivité de l'individu concerné. Cette subjectivité est multi factorielle (age, genre, éducation, culture, etc.) - Sapolsky et de nombreux autres chercheurs ont démontré que la réaction de stress est "optimisée" pour les stimuli de nature physique, de faible fréquence et de forte intensité (par opposition aux agents de stress de nature psychologique et chroniques auxquels nous sommes majoritairement confrontés de nos jours). De ces travaux naît la distinction entre le stress aigu et le stress chronique. - Karasek a démontré que la latitude décisionnelle était une donnée fondamentale dans l'appréhension d'un agent de stress.
Nous pouvons donc synthétiser ces éléments: - Le stress est un processus. Il n'est ni bon, ni mauvais en soi, il EST. - Le stress est un processus subjectif, c'est à dire que ses conséquences bénéfiques (ou délétères) ne peuvent s'apprécier que dans le contexte de la personne concernée. - Dans les cas d'agents de stress aigu et de faible fréquence, la réaction de stress peut-être considérée comme positive si l'adaptation est couronnée de succès. - Dans les cas d'agents de stress chroniques, la réaction de stress est utilisée "hors contexte" et de ce fait est souvent délétère. Elle l'est d'autant plus que la latitude décisionnelle de la personne est faible ou perçue comme telle. Les travaux récents du Professeur Eric Gosselin sur la relation entre le stress et la performance confirment ce fait. Il ressort de ce travail que 75% des études montrent une relation inversement proportionnelle entre le stress et la performance, c'est à dire que plus le stress augmente, plus la performance diminue. Bénéficier d'un "bon stress" lorsque ce dernier est chronique et non désiré est donc fortement improbable."
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