Blanchiment d'argent sale : Monaco sur la sellette

Posté jeu 22/06/2000 - 00:00
Par admin

La Principauté échappe à la liste noire du GAFI (Groupe d'action financière international) mais est durement étrillée par la mission parlementaire. La pression de la France risque de se renforcer.

Monaco est plus que jamais sur la sellette. Tout juste a-t-elle pu échapper, jeudi 22 juin, à une inscription sur la liste noire que le GAFI (Groupe d'action financière international qui émane de l'OCDE) a établi. Mais la veille, mercredi, la Principauté avait été étrillée par le rapport de la mission parlementaire intitulé 'Principauté de Monaco et blanchiment : un territoire complaisant sous protection française'. Tandis que fin mai, elle avait été mise au purgatoire par le Forum de stabilité financière qui, déjà avait classé les 'paradis fiscaux' mondiaux en trois catégories suivant le niveau de coopération (voir l'article 'Paradis fiscaux : Monaco au purgatoire').La France accusée de laxismeLe rapport établi par Vincent Peillon (PS Somme), président de la mission, et Arnaud Montebourg (PS Saône-et-Loire), rapporteur, dresse un bilan très négatif sur le rocher qui est présenté comme un 'lieu prospère du blanchiment'. Le journal 'Le Monde' daté du 21 juin, n'a pas manqué de titrer sur /www.lemonde.fr/article/0,2320,72596,00.html"> 'Argent sale : le scandale Monaco'. Sont ainsi présentés les principaux griefs que la mission d'information de l'Assemblée nationale a retenu contre le système financier monégasque.Il est encore trop tôt pour connaître les conséquences que pourrait avoir ce rapport sur le fonctionnement de la place financière de Monaco. Mais la France risque d'accentuer sa pression. D'autant plus qu'elle est directement mise en cause et accusée de laxisme. Les parlementaires ne manquent pas d'insister sur son 'implication dans le fonctionnement des structures décisionnelles monégasques'et avancent le risque d'une discréditation de 'la volonté politique française de lutter sur le plan européen et international contre le blanchiment d'argent illégal.'Laurent Fabius, ministre des finances, a ainsi demandé ce matin un rapport. Ce sera d'ailleurs la première tâche du nouveau directeur du trésor, Jean-Pierre Jouyet.350 milliards de francs gérésTout juste Monaco a-t-il évité la situation du Liechtenstein, d'Israël, du Liban, et de la Russie qui ont été inscrits sur une liste noire comprenant quinze pays jugés comme très laxistes face au recyclage de l'argent du crime. Monaco avec 14 autres pays n'en reste pas moins au purgatoire, comme dans le classement du Forum de stabilité financière.Pour Monaco, il s'agit là d'enjeux importants. Au cours des cinq dernières années, la place financière monégasque est fortement montée en puissance (plus de 20% des 45 milliards de francs de chiffre d'affaires de l''entreprise Monaco' sont assurés par l'activité financière). Dans les quelque 70 établissements bancaires qu'elle compte aujourd'hui sont gérés environ 350 milliards de francs dont un peu plus de 100 milliards de dépôts (un montant plus important que pour l'ensemble des Alpes-Maritimes) et 250 milliards de conservation de titres. En regard, on trouve un montant de crédit de 17 milliards de francs, Monaco étant avant tout utilisé comme lieu de conservation patrimoniale.Pour conserver sa crédibilité, la Principauté, qui a déjà renforcé ses mesures de contrôle, aura à répondre aux principales critiques : faiblesse des équipes chargées de traquer l'argent du grand banditisme et mauvaise coopération en matière d'échanges d'informations. Mais nul doute que l'année 2000 marquera un tournant dans l'histoire des banques monégasques...

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