La nouvelle, encore non officielle, avait couru la semaine dernière : la Commission européenne aurait informé la Principauté qu’elle allait intégrer la liste noire des pays qui ne satisfont pas les exigences de lutte contre le blanchiment et l'argent du terrorisme. Une mauvaise nouvelle pour la place financière monégasque qui a été officialisée mardi. La Commission européenne a annoncé l’ajout de la Principauté de Monaco à sa liste des pays “à haut risque”. Cette décision fait suite à l’identification de “carences stratégiques” dans le dispositif national monégasque, notamment en matière de saisie des avoirs criminels à l’étranger et d’application de sanctions dissuasives. (Photo WTM : Monaco vu du Port Hercule).
L’Europe s’est ainsi alignée sur le GAFI (Groupe d’action financière). Monaco figurait déjà depuis l’été 2024 sur la “liste grise“ de cet organisme mondial, dont la méthodologie est systématiquement reprise par la Commission pour constituer sa propre liste. Cette harmonisation vise à préserver l’intégrité du système financier de l’UE en soumettant les juridictions concernées à une surveillance renforcée. Dans la mise à jour qui a été faite, un certain nombre de pays tiers ont également été ajoutés à la liste (Algérie, Angola, Côte d'Ivoire, Kenya, Laos, Liban, Namibie, Népal et Venezuela), tandis que d'autres ont été radiés (Barbade, Gibraltar, Jamaïque, Panama, Philippines, Sénégal, Ouganda et Émirats arabes unis).
Les conséquences pour la place financière monégasque ? L’inscription entraîne un renforcement des contrôles pour les institutions financières internationales, les places financières, mais aussi des secteurs tels que les marchands d’art et les commissaires-priseurs. Ces acteurs devront mettre en place des mesures de vigilance complémentaires, sous peine de voir leurs opérations restreintes.
Dans un communiqué, le gouvernement princier a pris acte de cette décision “attendue” tout en rappelant que le Parlement européen ou le Conseil de l’UE disposent d’un délai de deux mois pour la contester. La Principauté a du même coup réaffirmé sa détermination à mettre en œuvre rapidement les mesures du Plan d’action du GAFI pour sortir de la liste grise. Monaco souligne aussi dans sa réponse les progrès déjà validés par MONEYVAL (39 recommandations sur 40 jugées satisfaisantes en décembre 2024) et confirme son engagement à renforcer son dispositif national. Un point d’étape sur l’avancement de ces actions doit être présenté lors de la prochaine plénière combinée GAFI-MONEYVAL, prévue du 10 au 13 juin à Strasbourg.