AOM-Air Liberté-Air Littoral : Marc Rochet pour démembrer
Nommé à la tête du directoire des trois compagnies, l'ancien président d'Air Liberté, ne disposerait que d'un mandat de moins d'un an pour une 'revente par appartements'. Fin d'un rêve.
C'était attendu. C'est fait. Hier, mercredi 14 février dans l'après-midi, Marc Rochet a été nommé à la tête du directoire d'AOM-Air Liberté-Air Littoral, en remplacement de Paul Reutlinger démissionnaire, tandis qu'Alexandre Couvelaire, président du conseil de surveillance des trois compagnies françaises remettait sa démission et était remplacé par René Lapautre, ancien PDG d'UTA. Si certains gardaient encore espoir dans la constitution de ce second pôle aérien français, le message délivré mercredi est clair : le projet est abandonné. SAirGroup qui avait déjà donné un grand coup de frein fin janvier 2001, va désormais chercher à se désengager et à revendre l'embryon de pôle par appartement.Le rêve d'un second pôle aérien françaisLe départ d'Alexandre Couvelaire est significatif. C'était lui qui était l'architecte même du projet de second pôle aérien. Pdg d'AOM, puis président du conseil de surveillance d'AOM-Air Liberté et Air Littoral, il avait cherché, sous la houlette de SAirGroup (Swissair) à réaliser une grande vision : bâtir un pôle qui soit un véritable concurrent privé face à la compagnie nationale Air France.Ce rêve, Alexandre Couvelaire était parvenu à le faire partager à son vieil ami Ernest-Antoine Seillière. Le patron du Medef, à travers Taitbout Antibes BV, filiale de Marine-Wendel, était devenu en mai 2000 co-actionnaire du nouvel ensemble constitué par SAirGroup. La holding suisse assurait ainsi que ' la complémentarité des créneaux, des réseaux, et des flottes d’AOM, d’Air Liberté et d’Air Littoral devrait favoriser l’émergence de la deuxième compagnie française de transport aérien'.C'est ce rêve qui a volé en éclat, sous les déficits colossaux enregistrés par les trois compagnies françaises. SAirGroup a tranché à la fin du mois de janvier dernier. Son Pdg a été écarté. Les réactions en chaine ont suivi. Les plans de développement des compagnies françaises ont été stoppés. Air Littoral a été séparée des deux autres compagnies AOM et Air Liberté. Dans la foulée le président des trois compagnies, Paul Reutlinger, a démissionné. Le vol en piqué.Que vont devenir les compagnies et les employés ?La nouvelle équipe qui arrive aux commande n'est pas mandatée pour relancer le pôle, mais pour tenter de céder au mieux chacune des trois entités et limiter les pertes financières de ce qui se révèle aujourd'hui comme un désastre industriel. De source proche, le mandat de Marc Rochet serait très court. L'ancien président d'AOM, puis d'Air Liberté (il avait été remercié en mai 2000, lors du rachat) aurait à négocier le retrait total du groupe suisse du pôle aérien français dans un délai de six mois à un an. Ce qui hausse d'un cran l'inquiétude des 7.000 salariés concernés sur l'ensemble du territoire français.Les supputations vont donc aller bon train. Air Littoral reviendra-t-il dans le giron d'Air France ? Volera-t-elle sous l'aile de Crossair ? Des interrogations qui concernent tout particulièrement l'aéroport international de Nice Côte d'Azur. La compagnie s'est beaucoup développée sur la plate-forme niçoise. Avec le soutien de la Chambre de commerce et d'industrie Nice Côte d'Azur, elle a créé un hub (plate-forme de correspondance) de l'Europe du sud qui fonctionne très bien (un million de passagers en 2000).Continuerait-elle à se développer de la même façon avec Air France qui a axé sa stratégie européenne sur Lyon ? Quel sera le sort des employés alors que circulent des rumeurs de plan social drastique (1.800 employés entre Nice et Montpellier, pour la seule compagnie Air Littoral) ? Que deviendront les deux autres compagnies AOM et Air Liberté ? Vont-elles être reprises simplement pour leurs précieux 'slots' sur Orly ? Le crash au décollage du second pôle français risque de faire beaucoup de dégats.