
Sonya Yoncheva incarnera Violetta lors de l'ouverture d'Anthéa avec la Traviata (DR)
Inauguration samedi à Antibes d’Anthéa, la nouvelle et magnifique salle de spectacles de 1 200 places. Une ouverture grandiose avec La Traviata de Verdi, dans une mise en scène du Directeur de l’Opéra de Monte Carlo, Jean-Louis Grinda, avec la soprano bulgare Sonya Yoncheva dans le rôle de Violetta, et sous la Direction musicale d’Antonino Fogliani qui dirigera l’Orchestre Philharmonique de Nice et les Chœurs de l’Opéra de Monte-Carlo. Four absolu le soir de sa création à Venise en 1853, La Traviata a pourtant permis à Verdi d’accéder rapidement à la gloire internationale et est devenue l’une des œuvres les plus populaires de l’histoire de l’Opéra. Pour Jean-Louis Grinda, si La Traviata est si populaire et bouleversante, elle le doit à cette force vitale qui l’innerve et qui y met en jeu le chant de l’âme et du corps, jusqu’à la mort. Il a d’ailleurs choisi une mise en scène qui, au cœur du XIXe siècle, met en lumière l’impossible ascension d’une fille de basse condition.

L’art lyrique confronté au monde réel
La Traviataraconte l’histoire d’amour entre Violetta, une courtisane mondaine, et Alfredo Germont, un fils de bonne famille. Profitant de l’absence de son fils, Giorgio Germont accuse violemment Violetta de ruiner Alfredo et parvient à la convaincre de rompre leur liaison. Lorsque Alfredo reçoit la lettre d’adieu de Violetta, il s’effondre de désespoir. Convaincu de sa trahison, il jure de se venger, mais il ne sait pas encore que cette dernière se meurt. Dans ce mélodrame social qui est aussi l’opéra de l’amour absolu, Verdi, en s’inspirant du roman d’Alexandre Dumas fils La Dameaux camélias, innove en confrontant l’art lyrique au monde réel en évoquant la déchéance sociale et le parcours intérieur de Violetta, et en n’hésitant pas à pointer du doigt les réalités les plus sordides : l’argent de la prostitution, la cruauté de la morale bourgeoise, la phtisie avec ses symptômes : la toux, le crachat et le sang, et la mort à petit feu dans le dénuement d’un lit froid. Le succès de La Traviata tient également au rôle en or qu’il offre à une cantatrice car il faut trois voix pour la chanter : légère et virtuose lors de l’Acte I lorsque Violetta campe une courtisane mondaine, enflammée et dramatique au II lorsqu’elle est une amoureuse sincère, puis éteinte et au bout de la vie lorsqu’elle devient la sacrifiée sublime. Un rôle en or idéal pour inaugurer Anthéa de la plus belle des manières.
La Traviata– Mise en scène de Jean-Louis Grinda – Anthéa – 260 avenue Jules Grec – Antibes. Samedi 6 avril à 20h30.