Altrnativ, la société d’Eric Léandri, épinglée par Politico

Ancien président de la French Tech Côte d’Azur, ex-président de Qwant, Eric Léandri est de nouveau sous les feux de l’actualité. Dans une enquête très fouillée sur les activités d’Altrnativ, startup qu’il a fondée après son départ de Qwant, Politico met en parallèle la défense des données personnelles en ligne qui était son crédo pour le moteur de recherche et les offres de services peu respectueuses de la vie privée de sa nouvelle société de cybersurveillance.

Eric Léandri lors d'une réunion French Tech Côte d'Azur

Chef de file du numérique azuréen à la fin des années 2010 alors qu’il était à la tête de Qwant qu'il avait cofondé, Eric Léandri vient de se retrouver de nouveau sous les feux de l’actualité suite à la parution d’une enquête de Politico intitulée “Comment l’ancien patron de Qwant, champion de la vie privée, se réinvente dans la cybersurveillance”. Dans cette enquête très fouillée, le site d’information s’est attaché aux activités d’Altrnativ, la société de cybersurveillance qu’Eric Léandri a créée en juin 2020 à Sophia Antipolis après son éviction de la présidence du moteur de recherche européen. Politico y a relevé des offres de service totalement à l’opposé du credo de Qwant qu’il défendait ardemment : la défense de la vie privée en ligne. (Photo WTM : Eric Léandri lors d'une réunion de la French Tech Côte d'Azur quand il était à la présidence de l'association et de Qwant).

“Sa nouvelle entreprise, Altrnativ, n'est pas spécialisée dans la défense de la vie privée des citoyens, mais dans le secteur en pleine expansion de la cybersurveillance”, écrit le site d’information. “Des documents internes d'Altrnativ consultés par Politico révèlent comment la société de Leandri a enquêté sur les critiques, les rivaux et les employés de certaines des plus grandes marques françaises. Ils incluent également des dossiers de présentation portant le logo d'Altrnativ et proposant les services de la société, aux côtés de cyberarmes et de drones, à des gouvernements africains autoritaires, en coopération apparente avec des marchands d'armes basés en Pologne et au Moyen-Orient.”

Le site a passé au peigne fin les contrats d’Altrnativ qui, depuis sa création, se présente comme “pourvoyeur de renseignements en source ouverte ou “OSINT” (open source investigation), une forme d'enquête qui consiste généralement à compiler et à analyser des informations publiquement disponibles sur Internet.”  Et de citer des contrats pour “surveiller” des détracteurs de LVMH,  pour aider le fabricant de sous-marins Naval Group à trouver les sources d'une fuite issue d'une réunion portant sur le mégacontrat franco-australien de sous-marins à 56 milliards d'euros ou encore le projet avec le ministère de l’Intérieur autour du renseignement pour un Palantir français, à l’image de la société informatique fondée par l'entrepreneur libertarien Peter Thiel, notamment avec l'aide de la CIA.

Autant de mises en cause qu’Eric Léandri a balayées, arguant qu’il ne traitait que des données “ouvertes” et assurant que son combat aujourd’hui était le même qu’hier : celui de la souveraineté européenne, défendre les Européens avec des logiciels européens développés par des Européens. Reste la contradiction morale vive entre défense de la vie privée et cybersurveillance, deux notions quand même difficilement compatibles.

 

 

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