Air Littoral : SAirGroup ferme le robinet
SAirGroup décidé à tailler dans le vif pour éviter le naufrage : robinet fermé dès aujourd'hui lundi pour Air littoral tandis qu'AOM et Air Liberté obtiennent deux mois de sursis. L'orage éclate
' Nous transférons chaque mois 80 millions de francs suisses en France (52 millions d'euros), pour nos trois filiales, cela n'est plus possible', a déclaré Mario Corti en parlant d'AOM, Air Liberté et Air Littoral, les trois compagnies françaises qui devaient être regroupées pour constituer le second pôle aérien français. Le nouveau patron, depuis le 16 mars dernier, d'un SAirGroup en pleine tourmente donnait lundi matin 2 avril à Zurich une conférence de presse retransmise en direct sur la télévision suisse. Une conférence de presse qui ne laisse augurer rien de bon pour les 7.000 employés des trois compagnies françaises.Des mesures drastiquesCar dans la foulée, Mario Corti a annoncé des mesures drastiques. Concernant les filiales françaises le directeur financier de Nestlé, appelé in extremis pour assurer le sauvetage d'un groupe en perdition financière, n'a guère laissé beaucoup d'espoir. SAirGroup a décidé en effet de fermer les robinets. Pour la compagnie régionale Air Littoral, la mesure est immédiate et entre en vigueur dès ce lundi 2 avril. Un choc pour les 450 employés de la compagnie des gens du sud qui travaillent sur la plate-forme de Nice Côte d'Azur. Air Littoral qui dispose de deux mois de liquidités devra trouver des investisseurs dans ce court laps de temps. Pour les deux autres compagnies françaises (AOM et Air Liberté), un délai de grâce de 2 mois est accordé.Les détails de la nouvelle stratégie de SAirGroup vis à vis de ses filiales françaises seront données le 25 avril, lors de l'assemblée générale du groupe. Tandis que la récente convocation par Marc Rochet d'un comité d'entreprise extraordinaire le 5 avril continuait d'alimenter la crainte d'un dépôt de bilan d'AOM et d'Air Liberté.12 milliards de francs de pertes !Il faut dire que pour SAirGroup, l'heure est grave. Lundi matin, Mario Conti en présentant les comptes de la holding qui chapeaute entre autres Swissair, Sabena, Crossair, LTU et les trois compagnies françaises AOM, Air Liberté et Air Littoral, parlait des plus mauvais résultats de toutes l'histoire du groupe. Le ton avait déjà été donné dès le matin avant même la conférence de presse. Un communiqué du groupe indiquait que les pertes cumulées en 2000 étaient largement supérieures à celles qui étaient envisagées par les analystes, même les plus pessimistes. Ces derniers avaient avancé une fourchette entre 1,11 et 1,44 milliard d'euros. Le chiffre final s'élève à 1,89 milliard d'euros. Environ 12 milliards de francs de déficit sur un chiffre d'affaires 2000 de 70 milliards de francs. Abyssal.Sur ce chiffre, les compagnies françaises comptent pour 393 millions d'euros (un peu plus de 2,5 milliards de francs). Cela explique que, si le groupe a décidé de vendre des actifs ou de tailler dans le vif (la compagnie charter Balair va être liquidée, Swissotel, le secteur hôtelier, est en train d'être vendu, etc.), il risque de se montrer très dur dans les négociations menées autour de son pôle aérien français. L'orage cette fois éclate sur l'aéroport de Nice où Air Littoral est le pilier du hub niçois (1,2 millions de passagers en 2000) et où AOM, associé à Air Liberté, assure une navette sur Orly face à Air France.