Air Littoral : liquidation imminente
Une fin rapide se profile désormais pour la compagnie après le retrait, annoncé hier en fin d'après-midi ,du groupe Duménil : le tribunal de commerce de Montpellier devrait décider la liquidation aujourd'hui. Un "crash" qui touchera de plein fouet l'aéroport de Nice Côte d'Azur.
Qui pourrait encore aujourd'hui sauver Air Littoral ? Hier, les derniers et menus espoirs qui restaient d'éviter le "crash" final ont disparu. L'ultime sursis a été inutile. Le second repreneur adoubé par le tribunal de commerce de Montpellier, la "Filature du Favreuil" filiale du groupe Duménil a déclaré forfait dès qu'il lui a été instamment demandé de poser l'argent sur la table.Raison invoquée : le coût de la reprise après le blocage des avionsLes raisons avancées pour ce lâchage ? Selon les explications données hier en fin d'après-midi par la direction de la compagnie, le groupe Duménil estime que c'est le Ministère des Transports qui, en n'accordant pas la licence d'exploitation vendredi soir aurait gâché toute possibilité de reprise, le coût de l'arrêt des vols ayant été estimé à 1,5 million d'euros auxquels s'ajouterait une somme quasiment identique pour un retour à la normale. La raison invoquée, évidemment, ne manquera pas de faire polémique, l'Etat qui garde en mémoire la saga d'Air Liberté ayant cette fois décidé de frapper du poing sur la table pour que les sommes promises soient réellement versées. Il était ainsi demandé au groupe Duménil de déposer d'ici lundi soir un million d'euros, auxquels s'ajouteraient 4 millions d'euros d'avance de la Région Languedoc-Roussillon.De nouveau sans repreneur, Air Littoral ne peut qu'aller droit à la liquidation. Celle-ci pourrait intervenir dès cet après-midi lors d'une audience du Tribunal de commerce de Montpellier. La liquidation de la compagnie signifierait du même coup la suppression d'environ 450 emplois sans compter ceux de la filiale de maintenance dont le dossier était audiencé aujourd'hui mardi à Montpellier (ce dossier avait été séparé de celui de la compagnie). Air Littoral industries dont le principal client était Air Littoral risque en effet de se trouver aujourd'hui dévalorisée.Un choc pour l'aéroport international Nice Côte d'AzurLa liquidation d'Air Littoral, considérée désormais comme imminente est une bien mauvaise nouvelle pour l'aéroport international Nice Côte d'Azur. En terme d'emploi d'abord puisqu'elle représentait environ 350 emplois en août dernier avant les premières amputations. De nombreux pilotes notamment avaient choisi de s'installer sur la Côte d'Azur.En terme de trafic ensuite. Air Littoral, qui jouait les "transversales", c'était toute la stratégie du hub de l'Europe du sud, menée patiemment par l'aéroport depuis 1996. La compagnie avait transporté en 2000 un peu plus de 900.000 passagers et comptait encore pour plus de 700.000 passagers l'an dernier. Il avait même été envisagé à la fin des années 90 de créer un terminal "commuter" pour cette plate-forme de correspondance, projet qui a été abandonné au début des années 2000 avec la crise de l'aérien et la profonde transformation du paysage. Le "trou" dans le trafic de l'aéroport sera difficile à combler.Un communiqué des collectivités territoriales et de la CCI NCAL'aéroport niçois, géré par la Chambre de commerce et d'industrie Nice Côte d'Azur, était d'ailleurs très pessimiste sur l'évolution du dossier de la compagnie. A l'annonce du retrait du repreneur hier soir, un communiqué intitulé "Air Littoral : trouver une solution à partir de Nice" a été publié au nom des collectivités territoriales et de la CCI du département. En voici le texte."Après la suspension des vols d’Air Littoral samedi 14 février, les principales collectivités territoriales et la Chambre de Commerce et d'Industrie Nice Côte d'Azur déplorent, qu’après tant de mois et de propositions inadaptées, il n’ait toujours pu être trouvé de solution viable permettant la poursuite de l’activité de cette compagnie de façon pérenne et le maintien de leurs emplois pour les salariés d’Air Littoral très nombreux à s’être installés sur la Côte d’Azur.Partenaire historique d’Air Littoral, la plate-forme niçoise a été à l’origine de la création et du développement du hub régional dès 1996.La perte d’une offre aérienne sur les transversales représente une situation très grave pour l’économie des Alpes-Maritimes. Compte tenu de l’enclavement des Alpes-Maritimes, Il y a un marché au départ de Nice, et la rentabilité économique de liaisons transversales au départ de Nice est démontrée.Les collectivités territoriales des Alpes-Maritimes et la C.C.I Nice Côte d'Azur, travaillent actuellement à la recherche d’une solution spécifique au départ de Nice répondant aux besoins de l’économie des Alpes-Maritimes, et permettant d’offrir des allers-retours journée vers les principales destinations françaises et méditerranéennes. Cette solution devra être portée par :- des capitaux financiers privés essentiels dans ce type d’activité- des professionnels du secteur (direction, avions, équipages),- et des appareils adaptés (avions)."Le texte est soutenu par les personnalités suivantes : Christian Estrosi, Président Conseil Général des Alpes-Maritimes; Jacques Peyrat, Président Communauté d’Agglomération Nice Côte d’Azur; Jean-Pierre Leleux, Président Communauté d’Agglomération Pôle Azur Provence; Jean-Claude Guibal, Président Communauté d’Agglomération de la Riviera Française; Jean Leonetti, Président Communauté d’Agglomération Sophia Antipolis; Bernard Brochand, Député-Maire de Cannes; Michèle TAbarot, Député-Maire du Cannet; Francis Perugini, Président Chambre de Commerce et d’Industrie Nice Côte d’Azur.