Un camion-citerne contenant 24.000 litres de kérosène s'est couché dimanche après-midi sur le tarmac de l'aéroport de Nice Côte d'Azur suite apparemment à un virage pris trop serré lors d'une opération de ravitaillement d'un avion sur les pistes. Si le carburant ne s'est pas échappé et a pu être transférer dans d'autres citernes, si tout le monde en a été quitte pour la peur, cet accident a braqué les projecteurs sur l'un des gros problèmes de la plateforme aéroportuaire : le stockage du carburant pour les avions.
La situation, depuis des années, est la suivante : conçu dans les années 50 le dépôt de carburant a une capacité de près de 1.500 m3. Cela représente à peine 48 heures d'approvisionnement pour les avions. Pour pallier à cela et disposer de réserves de proximité plus conséquentes, une partie du kérosène est conservée dans des camions-citernes stationnés en permanence sur l'aéroport. Ce stockage mobile représenterait jusqu'à 1.000 m3.
C'est évidemment ce type de stockage qui pose problème. L'accident survenu dimanche vers 13 heures est venu le rappeler brutalement. Il vient donner de la crédibilité à un scénario noir : un risque d'explosions en chaîne de ces dépôts mobiles de carburant avec au pire une transmission jusqu'aux avions suivant un effet dominos.
La situation n'est pas nouvelle bien sûr. Les autorités comme la justice s'en sont déjà saisie. Depuis 2000, la préfecture des Alpes-Maritimes demande instamment aux quatre compagnies pétrolières de l'aéroport (Total, Shell, Esso et BP) de sécuriser le dépôt pétrolier. Sans succès. C'est pourquoi ces quatre compagnies, qui nient toute infraction à la réglementation, ont été citées à comparaître le 25 septembre devant le Tribunal correctionnel de Nice. Elles devront y répondre d'"exploitation illégale de réservoirs permanents non autorisés et poursuite de l'exploitation malgré une mise en demeure".
De source judiciaire, est-il indiqué, elles risquent 375.000 euros d'amende chacune, tandis que la procédure pourrait aboutir jusqu'à la fermeture de l'aéroport, avec exécution provisoire en attendant une mise en conformité des installations. Une solution extrême qu'évidemment personne ne peut envisager, alors que l'aéroport joue le rôle d'un véritable cur pour l'économie azuréenne. Un projet de mise en place d'un dépôt fixe de plus grande capacité a certes été lancé par la CCI Nice Côte d'azur, gestionnaire de l'aéroport. Ce qui représente un investissement de l'ordre de 10 millions d'euros. Mais ce projet est à l'horizon 2009. En attendant, l'aéroport risque de rester sous la menace d'un banal accident de camion citerne qui tournerait mal.
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L'éco de la Côte.