Aéroport : la grande menace du crash de SAirGroup
Gestionnaire de la plate-forme aéroportuaire, la CCI craint la disparition d'une situation de concurrence. Son président Francis Pérugini a écrit au ministre des Transports.
Pourquoi le crash de ce qui aurait dû être le second pôle aérien français touche-t-il particulièrement l'aéroport de Nice ? Pour avoir la réponse, il suffit de regarder les chiffres. Ceux des emplois d'abord : A0M, Air Liberté et Air Littoral emploient à elles trois environ 800 personnes compte tenu également de Swissport (société d'assistance aéroportuaire appartenant à SAirGroup). C'est 20% des 4.000 emplois de l'aéroport.Le quart des passagers transportés !Le nombre des passagers transportés ensuite : plus de 2,4 millions sur les 9,4 millions de passagers comptabilisés en 2.000 (1,2 million pour Air Littoral, 670.000 pour AOM et 571.000 pour Air Liberté). Le nombre de lignes et de vols également : une soixantaine de vols quotidiens et 19 lignes pour Air Littoral, une vingtaine de vols par jour sur l'axe Paris-Orly pour AOM et Air Liberté.Il est aussi possible de comprendre qu'une liquidation ou même une réduction de voilure d'une ou de l'ensemble des trois compagnies 'lâchées' par Swissair ne manquerait pas d'avoir une incidence importante sur la bonne marche de l'aéroport. C'est pourquoi la Chambre de Commerce et d'Industrie, gestionnaire de l'aéroport, a décidé de monter au créneau. Si elle n'avait pas commenté à chaud les décisions de SAirGroup de couper les vivres à Air Littoral et d'envisager des solutions drastiques pour AOM et Air Liberté, elle a pris le temps de la réflexion pour faire part de sa position. Une position que Francis Pérugini a exposé, hier, mercredi 11 avril, lors d'une conférence de presse.Une position en trois pointsCette position est celle qui a été exprimée dans une lettre adressée à Jean-Claude Gayssot, le ministre des Transports. Trois points sont à retenir. Le premier : il est demandé qu'en cas de réduction partielle ou totale des activités d'AOM et d'Air Liberté, les deux compagnies qui opèrent sur le Nice-Orly, les 'slots' sur Orly et sur Roissy, ces précieux créneaux horaires, soient réservés aux seuls vols Paris-province. Ce qui permettrait de ne pas fermer toute possibilité de retour d'une nouvelle concurrence.Le second point concerne Air Littoral : si cette compagnie que la CCI avait contribué à faire naître en 1996 devait interrompre son exploitation, il est demandé des mesures qui lui permettent de continuer l'exploitation du réseau en attendant sa restructuration ou l'entrée de nouveaux investisseurs. Cette demande est confortée par la bonne marche de la compagnie en terme de réservations : pour la période estivale, les vols sont réservés à 70 % en dépit des incertitudes qui pèsent sur la pérennité de l'entreprise. Troisième point : la CCI recommande ' que soit préservée l'existence d'une concurrence réelle sur les grandes radiales aériennes entre Paris et la province'.Pas de boule de cristalQuant à des pronostics sur le dénouement de la situation, Francis Pérugini ne s'est pas hasardé à en donner se disant incapable de lire dans la boule de cristal. Et rappelant dans la foulée qu'il avait rencontré en décembre dernier les responsables de SAirGroup et qu'à l'époque il n'avait été aucunement question de ce qui se passe aujourd'hui...