Aéroport : Franck Goldnadel, un nouveau président en pleine tempête Covid

Aux commandes désormais de l'aéroport Nice Côte d'Azur, l'ex directeur général de CDG Paris a pris ses fonctions début octobre alors que l'aérien traverse sa crise la plus grave depuis la seconde guerre mondiale. Il nous livre ses premières impressions sur la situation propre à la plateforme azuréenne, les possibilités de relance, la nouvelle donne en cours dans le souffle de la pandémie…

Franck Goldnadel Aéroport

Ce que l'on peut dire de prime abord, c'est que Franck Goldnadel, 51 ans, le nouveau pilote des aéroports de la Côte d'Azur, n'aura pas la tâche facile. Il a pris au 1er octobre les commandes du premier aéroport de province français à un moment où l'aérien traverse sa crise la plus grave depuis la seconde guerre mondiale. Se présentant comme un passionné de l'aviation depuis son plus jeune âge et avouant un optimisme inébranlable, cet ex directeur des aéroports de Paris CDG et d'Orly aura à assurer la relance et la remontée du trafic au fil de l'évolution sanitaire. C'est ce qu'il a expliqué hier lors d'une présentation-entretien avec la presse.

Trafic : 14,48 millions de passagers en 2019... et moins de 5 millions en 2020

La situation ? Evidemment pas brillante. Comme pour tous les aéroports français. Même si Nice, grâce à un trafic domestique (les lignes intérieures) relativement épargné s'en tire un peu mieux que d'autres. Ainsi, le groupe Vinci annonçait hier une baisse de trafic de 70% sur les aéroports qu'il gérait. Nice n'en sera pas loin. L'an dernier, il avait battu un nouveau record à 14,48 millions de passagers et s'apprêtait à dépasser la barre des 15 millions cette année. Avec le coup d'arrêt Covid dès mars, il en sera évidemment loin cette année.

Au vu d'une petite reprise en juillet-août, les prévisions pour 2020 avaient été établies autour de 6,5 millions de passagers. Septembre n'ayant pas confirmé, les perspectives avaient été abaissées à 5,5 millions. Aujourd'hui, c'est autour, voire un peu en dessous de 5 millions qu'elles se tiennent et la recrudescence actuelle de la pandémie ne laisse pas envisager de redémarrage de l'aérien pour la fin d'année. Bien au contraire.

La relance liée à l'évolution de la situation sanitaire

Pour Franck Goldnadel, la relance de la plateforme aéroportuaire est évidemment liée à l'évolution de la situation sanitaire. "Nice a été touché de plein fouet par la fermeture des frontières internationales. Sur l'Europe, nous avons subi des restrictions de transport différentes selon les pays, tandis que les vols domestiques ont également été impactés. Nous tablons sur une reprise en 2023-2024 et Nice pourrait se trouver dans le peloton de tête de la reprise grâce à ses festivals, salons et manifestations diverses."

"Car ses sous-jacents sont excellents. La Côte d'Azur est attractive et il n'y a pas beaucoup d'alternatives au transport aérien. Notre effort doit porter cependant à garder les grandes manifestations et faire en sorte qu'après le passage de la pandémie, elles reviennent sur la Côte et ne s'installent pas ailleurs car la concurrence est forte. Nous avons aussi à faire en ce sens un travail collectif avec le territoire."

La société aéroportuaire en perte cette année

L'impact de la crise sanitaire sur l'aéroport ? Il est évident. "Nous serons en perte cette année" note Franck Goldnadel qui veut réserver le montant des pertes à ses actionnaires. "Nous comptons 520 collaborateurs. 30% des effectifs ont été mis en chômage partiel et nous avons fait appel à un PGE (Prêt Garanti par l'Etat). Il faut savoir aussi qu'au total, l'aéroport fait travailler 8.000 personnes dont l'activité, pour certaines, s'est arrêtée. Aujourd'hui, comme les autres aéroports, nous vivons un bouleversement de notre modèle économique."

Réouverture du Terminal 1 : au mieux fin 2021

La réouverture du Terminal 1, fermé au début du confinement ? Elle est liée à la reprise du trafic et vraisemblablement, hors bonne surprise, elle ne se fera pas comme envisagé au premier trimestre 2021, mais au mieux en fin d'année prochaine. Tout juste, si là aussi le trafic se redressait un peu, il serait envisagé d'ouvrir une partie du T1. Mais pour l'instant, le Terminal 2 suffit amplement.

L'extension du Terminal 2 maintenue mais plus dans l'urgence

L'extension du Terminal 2 pour laquelle le Permis de Construire a été accordé avec des travaux qui devaient débuter en 2021 ? Pour le nouveau président du Directoire de la SACA (Société aéroportuaire de la Côte d'Azur), elle n'est pas remise en question et il défendra ce dossier. "Il fallait se retrouver l'été 2019 dans le Terminal 2 pour voir qu'il était saturé. Quand le trafic reviendra d'ici 3 ou 4 ans, se posera de nouveau le problème de la saturation et de la nécessité d'accueillir les passagers dans des conditions à la hauteur de la Côte d'Azur. Ce qui change aujourd'hui, c'est que nous avons plus de temps et que nous ne sommes plus sous la pression d'un planning imposé par le trafic." Et de rappeler que les décisions d'investissement dans l'aéroportuaire se placent sur le temps long.

Environnement : le plan "net zéro émission" sera poursuivi

Franck Goldnadel compte également prendre à bras le corps la problématique environnementale, d'autant plus cruciale à Nice que l'aéroport est proche du centre-ville et coincé entre bande urbaine et mer. Le nouveau président poursuivra le plan "net zéro émission d'ici 2030" qui a été lancé par le précédent président Dominique Thillaud.

Mais globalement, Franck Goldnadel reste optimiste pour Nice, fort de son attractivité et de sa résilience. Ayant pris ses fonctions début octobre, juste après la tempête Alex et les inondations catastrophiques des trois vallées du haut-pays niçois, il a d'ailleurs été touché par le lien très fort qui lie la côte et son arrière-pays et par la solidarité active qui s'est immédiatement déclenchée. A travers le pont aérien des hélicoptères entre aéroport et vallées dévastées, il aura pu apprécier d'entrée tout ce que l'aéroport Nice Côte d'Azur peut apporter à son territoire.

 

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