C’est une nouvelle qui a fait l’effet d’un coup de tonnerre hier sur l’aéroport Nice Côte d’Azur : Air France va se désengager de l’aéroport d’Orly et arrêtera à l’été 2026 ses liaisons entre Nice et Paris-Orly. Élément clé du cordon ombilical entre la Côte d’Azur et Paris, la liaison avec l’aéroport d’Orly est essentielle, notamment pour l'économie régionale et ses entreprises. Paris Charles de Gaulle, plus distant du coeur de la capitale, est plus particulièrement recherché pour les correspondances. Dans le système de navette, Orly reste aussi prépondérant. Pour l’exemple, vendredi, sur les 25 vols Nice-Paris, 15 sont sur Orly et 10 sur CDG.
La filiale "low cost" Transavia chargée de prendre le relai sur Orly
Certes, Air France ne se désengage pas pour autant de ce cordon ombilical aérien, d’autant plus important pour Nice et la Côte que faute de liaison à grande vitesse, Paris reste loin en temps par le train (entre 5h30 et 6 heures). Dans un communiqué le groupe annonce que sa filiale Transavia prendra le relai sur Orly. Ce sera à l’été 2026, “l’opérateur de référence du Groupe Air France au départ de l’aéroport de Paris-Orly. Transavia poursuivra sa trajectoire de développement, notamment grâce à la montée en puissance de sa nouvelle flotte composée d’Airbus de la famille A320neo permettant une réduction de 15% de la consommation de carburant et des émissions de CO2, ainsi qu’une réduction de 50% de l’empreinte sonore.”
Le rythme sera-t-il maintenu ?
D’ici à ce changement, Air France continuera d’assurer les liaisons avec Orly. Même chose pour Toulouse et Marseille, aéroports de province concernés également par cette réorganisation. La compagnie assure qu’elle augmentera à partir de l’été 2026 ses liaisons Nice avec Paris CDG, mais apparemment le rythme des liaisons sera réduit puisqu’il est question de maintenir les capacités du Groupe entre Paris et Toulouse, Marseille et Nice “à hauteur de 90% de leur niveau actuel”.
En question une baisse de 40 à 60% de trafic sur Orly
Pourquoi cette “évolution” ? Air France l’explique par une baisse de la demande. “Le développement de la visioconférence, la réduction des déplacements professionnels sur le domestique et le report vers le train (sous l’effet conjugué des recommandations de sobriété et des politiques RSE des entreprises) conduisent à une chute structurelle de la demande sur le réseau domestique point-à-point d’Air France. Entre 2019 et 2023, le trafic sur les liaisons domestiques au départ d’Orly a baissé de 40%, et même de 60% pour les allers-retours journée” avance le Groupe.
Inquiétudes pour le personnel de la base Air France de Nice
Si ces changements vont toucher les usagers, ces derniers ont également la possibilité de se diriger sur EasyJet qui dessert Orly avec une fréquence de 6 à 8 vols quotidiens. En revanche, le changement va impacter encore plus fortement les personnels de la base Air France de Nice (environ 400 salariés). “Compte tenu du redéploiement d’une partie de fréquences aujourd’hui assurées au départ de Paris-Orly vers Paris-Charles de Gaulle, l’impact de cette évolution sur l’emploi sur les escales de Toulouse, Marseille et Nice serait limité, et géré uniquement sur la base de mobilités ou de départs volontaires”, rassure le Groupe. Et d'ajouter que “les bases des personnels navigants sur ces escales seraient maintenues.”
Une décision très mal accueillie sur la Côte
Reste que cette annonce d’Air France d’abandonner Orly et donc ses liaisons sur Orly a été très mal accueillie. “Cette décision sans aucune concertation est honteuse et scandaleuse. Je m'y opposerai de toutes mes forces. Je viens de saisir la Première ministre," s’est insurgé le député LR Eric Ciotti, relayé par France Bleu qui cite aussi Alexandra Masson, députée RN. Pour cette dernière, rapporteure du budget pour le transport aérien dans le projet de loi de finances 2024 “c'est une annonce de départ prise en catimini, sans aucune concertation avec les responsables de l’Aéroport et les élus (...) c'est un enterrement de la ligne qui relie la première plate-forme aéroportuaire française à la deuxième alors que les vols entre Paris-Orly et Nice sont toujours pleins."
"Orly Nice est une ligne indissociable du développement économique des Alpes Maritimes" a rappelé de son côté le président de l'UPE06 Pierre Ippolito, dans Nice-Matin. Et de noter "qu"il est indispensable de maintenir le même niveau de service." D'autres réactions ne devraient pas manquer de suivre.