Manifestations annulées : la grosse colère des hôteliers!
Entre les annulations du championnat d'Europe cycliste, du triathlon et du Marathon Nice-Cannes (en sursis pour l'instant), c'est un chiffre d'affaires de 40 M€ que perd le tourisme azuréen en quelques semaines. D'où l'inquiétude et la colère des hôteliers azuréens. "Avec toutes ces annulations, nous sommes en train de tuer l'économie du département", tempête Michel Chevillon président de l'UMIH et des hôteliers du bassin cannois.
Ils sont de plus en plus inquiets et furieux les hôteliers azuréens face à la vague d'annulation de manifestations, notamment sportives pour des raisons de sécurité, vague qui s'amplifie. Si, par respect aux victimes, ils ont accepté les annulations de festivals et festivités qui se sont multiplieés à Nice et sur toute la Côte à partir du 15 juillet et en août, en revanche, ils commencent à être exaspérés par ce qui se passe depuis le début septembre. Il y a d'abord eu l'annulation des championnats d'Europe de cyclisme sur route. Ils auraient dû se tenir à Nice du 14 au 18 septembre, et ont été rapatriés sur Plumelec dans le Morbihan. Puis c'est le triathlon de Nice qui était prévu les 1er et 2 octobre et qui est passé à la trappe.
La mise en sursis du Marathon Nice-Cannes fait déborder le vase
Mais la goutte d'eau qui fait déborder le vase, c'est la mise en sursis en début de semaine du marathon des Alpes-Maritimes Nice-Cannes prévu le 13 novembre. Avec 14.000 inscrits l'an dernier, il est devenu en termes de fréquentation le deuxième marathon le plus important de France après Paris. Une superbe montée sur ce créneau pour la Côte qui compte beaucoup sur les grands événements sportifs pour pousser son tourisme hors saison estivale. La tenue de l'édition 2016 reste pourtant incertaine pour l'instant. La dernière réunion avec les services de police, de secours et la mairie qui s'est tenue mardi pour définir la taille du dispositif de sécurité à engager n'a pas été concluante. Du coup, le Marathon a été mis en sursis jusqu'au vendredi 30 septembre, les organisateurs suspendant les inscriptions dans l'attente de la réponse. Et plus loin dans le temps, ce sont des questions comme l'organisation même du Carnaval de Nice qui se posent.
De quoi miner le moral des hôteliers qui ont encaissé depuis le 15 juillet des baisses de chiffres d'affaires de l'ordre de 25 à 30%. "Les dernières annulations représentent une baisse conséquente pour l'activité touristique de la Côte d'Azur", explique Denis Cippolini, le nouveau président du Syndicat Hôtelier Nice Côte d'Azur, qui est d'autre part à la tête du "Cluster Sport" monté par le CRT (Comité Régional du Tourisme. "Le grand prix cycliste, c'est un budget global de 25 M€, le triathlon de 5 à 6 M€. Et si le Marathon est annulé la perte grossira de 10 à 12 M€. En quelques semaines, sur ces trois grandes manifestations, le chiffre d'affaires touristique des Alpes-Maritimes sera amputé de plus de 40 M€! Insupportable pour nos entreprises, alors que nous continuons à subir le contrechoc de l'attentat de Nice."
"Pourquoi l'Etat peut garantir la sécurité à Plumelec et pas à Nice ?"
Président du Syndicat des hôteliers du bassin cannois, Michel Chevillon, avec son franc parler, ne cache pas sa colère. "Pourquoi Paris qui a connu, hélas, également des attentats peut continuer à organiser de grandes manifestations et pas nous? Pourquoi l'Etat pouvait garantir la sécurité à Plumelec pour le grand prix cycliste mais ne le pouvais pas sur Nice? Et c'est le Marathon maintenant qui est menacé! Avec toutes ces annulations, nous sommes en train de tuer l'économie du département. Cela parce que l'Etat n'a pas les moyens d'assurer la sécurité, une de ses fonctions régaliennes. Inutile dans ce cas d'engager de lourdes campagnes de communication pour rassurer nos clients et, en annulant les grandes manifestations, faire passer à toute la planète un message disant implicitement qu'il y a toujours du danger sur la Côte."
"Les socioprofessionnels aujourd'hui en ont assez", tempête Michel Chevillon. "Ils n'ont pas baissé les bras, ont continué en juillet, en août et en septembre à assurer l'accueil de leurs clients. Ils ont maintenu leurs effectifs, n'ont pas licencié en dépit de la baisse de fréquentation. Mais maintenant ils ne savent pas comment faire si on arrête ce qui assure l'attractivité de la Côte!"