ENERGEIA à Sophia : l'Europe veut faire grandir les start-ups de l'énergie
L'Incubateur PACA-Est est le partenaire français du projet européen ENERGEIA (Energy Enterprise Generation in the MED area) qui vise à dégager les bonnes pratiques pour accélérer le développement des start-ups innovantes dans les énergies renouvelables. Le premier atelier portait sur le recrutement de la "dream team". Un cap souvent difficile à passer alors que le secteur de l'énergie, par sa complexité, requiert des équipes très aguerries.
Sur la photo, réuni au CEEI de Nice, le premier groupe de travail ENERGEIA sur le recrutement de la "dream Team" avec, tout à droite, Laurent Masson, chef du projet ENERGEIA à l'Incubateur PACA-Est.
Alors que l'Europe a placé la transition énergétique comme une de ses priorités, comment faire grandir les start-ups qui portent une innovation technologique dans le domaine des énergies renouvelables? Comment accélérer le développement de ces "pépites" de l'énergie, clé d'une indépendance énergétique européenne? C'est pour apporter des réponses concrètes à cette question que, dans le cadre du programme MED, l'Europe a lancé en avril 2013 le projet ENERGEIA (Energy Enterprise Generation in the MED area).
Les bonnes pratiques pour les start-ups de l'énergie
Ce projet regroupe six pays de l'Europe méditerranéenne (Bosnie Herzégovine, Espagne, Italie, France, Malte et Portugal) avec huit partenaires dont, pour la France, l'Incubateur PACA-Est à Sophia Antipolis que dirige André Labat. Ils auront jusqu'en avril 2015 pour faire une cartographie des jeunes entreprises innovantes du secteur et dégager les bonnes pratiques qui pourront ensuite être appliquées dans chaque pays.
"La première phase d'étude a permis de bien cibler le sujet", explique Laurent Masson, chef du projet ENERGEIA à l'Incubateur PACA-Est. "En ce qui concerne le type d'énergies renouvelables privilégiées, quelques caractéristiques sont communes à toute cette zone du sud de l'Europe : une forte présence de l'éolien et du solaire, des problèmes de relief, des besoins de "froid" en été, etc. Quant au secteur à couvrir, outre la production d'énergies renouvelables, il englobe le pilotage de l'énergie (notamment l'efficacité énergétique, les smart grids), ou encore le stockage, ou les solutions à apporter à l'intermittence des énergies renouvelables."
Recrutement, produit, accès au marché
L'Incubateur PACA-Est, dans cette première phase d'étude, a interrogé les start-ups de la région Provence-Alpes Côte d'Azur. Quelles difficultés ces start-ups de l'énergie avaient-elles rencontrées dans leurs premières années? Comment les avaient-elles surmontées? Les thèmes à aborder par les trois groupes de travail régionaux ont été ainsi définis suivant les priorités dégagées par les entreprises:
1 -Comment recruter votre dream team ?
2- Comment "designer" un produit adapté et aux normes à l’échelle européenne ? (le 19 mai à SKEMA Business School de Sophia Antipolis)
3- Comment faciliter l’accès aux start-ups de l’énergie à des opérations pilotes au niveau régional ? (le 10 juin à Nice).
Les "savoir-faire" que doit réunir la "dream team"
Le premier groupe de travail, qui s'est réuni le 15 avril au CEEI de Nice, s'est donc attaché au facteur clé de succès numéro 1 : la constitution de l'équipe. Une problématique récurrente : quel que soit le secteur considéré, le facteur clé de réussite (et d’échec) d’une start-up est la qualité de l’équipe qui porte et développe le projet. Mais dans le secteur de l’énergie, la complexité du secteur nécessite d’avoir un porteur ou une équipe porteuse qui combine "a minima" les savoir-faire suivants :
- capacité à transformer en produits des technologies complexes,
- capacité à pénétrer un marché d’accès réputé difficile et à dynamique souvent lente,
- capacité à monter des partenariats complexes,
- capacité à lobbyer au niveau national voire européen.
Les solutions pour recruter sa "dream team" et la financer
L’idéal est donc d’avoir à la tête d’une start-up de l’énergie une équipe aguerrie dont les membres ont déjà eu l’occasion de faire leurs preuves lors d’expériences passées. C'est rarement le cas. Les statistiques montrent que très souvent une start-up de l’énergie est lancée soit par un chercheur issu d’un laboratoire public, soit par un cadre expérimenté venant d’une grande entreprise voire par une équipe resserrée de plusieurs cadres issus d’une grande entreprise mais aux profils et parcours similaires. Il est donc impérieux de trouver des profils complémentaires. Et la question se pose vite. Dès les premiers mois après le lancement. Une phase dans laquelle l'argent manque pour "recruter" des associés ou collaborateurs aux postes clés et sécuriser ces ressources.
A partir du retour d'expérience de start-ups de l'énergie (GreenCom Network, GridPocket), des différents maillons de la chaîne de l'innovation azuréenne (Incubateur PACA-Est, CEEI, SATT Sud-Est, BA06, Capénergies), d'experts des technologies des énergies renouvelables et du recrutement, ce premier séminaire a permis d’identifier des solutions possibles au niveau local voire national pour aider ce type d'entreprises innovantes à recruter sa dream team et à la financer sur les premiers mois. Avec comme ambition de tracer les lignes d’un process "Recruit your Dream Team" réplicable, à intégrer dans le processus d’accompagnement dédié start up de l’énergie porté par l’incubateur PACA EST.
Les témoignages de GreenCom Networks et de GridPocket
Les témoignages des deux start-up présentes, qui ont aujourd’hui chacune une dizaine de collaborateurs, ont confirmé l'intuition initiale : il faut des entrepreneurs aguerris à la tête des start-ups de l’énergie. La complexité technologique associée aux difficultés d’accès au marché et de positionnement dans une chaîne de valeur souvent en pleine recomposition obligent.
GreenCom Networks (ex-Ubinode, spécialisé dans le déploiement et l'administration de vastes réseaux de capteurs) a été créé par un trio expérimenté de spécialistes telecom issus d’Accenture qui se sont partagés équitablement le capital, a expliqué Sébastien Alegret. GreenPocket par un homme seul, Filip Gluszak, ingénieur avec MBA et une expérience de grand groupe et de grosse start-up. Les premiers ont favorisé la voie de l’association avec des hauts profils complémentaires, ce qui a donné une fusion de start-up au niveau européen avec GreenCom Networks à Munich. Le deuxième a utilisé plusieurs leviers pour avoir accès à des ressources, soit via des subventions d’incubateurs, des projets de recherche, des stages…
Leurs témoignages ont montré à quel point le réseautage dans l'écosystème et la sérendipité (le don de faire des trouvailles) étaient importants pour le développement d’une start-up. Pour Valérie Blanchot-Courtois, expert des technologies et de la science dans le domaine des énergies renouvelables, on y retrouve deux des principes de "l’effectuation", ces grandes lignes d'action que mettent en œuvre les entrepreneurs qui ont réussi : le patchwork fou (l’entrepreneur fait progresser son projet par l’engagement d’un nombre croissant de parties prenantes) et l'effet "limonade" (utiliser la surprise comme source de création de valeur).
Comment aider l'entrepreneur à recruter sa "dream team"
Mais pour bien recruter sa dream team, l’entrepreneur dans le secteur de l’énergie, doit s'assurer au préalable de ses capacités de leadership et de communication et travailler sur son propre développement personnel. Il faut savoir expliquer, convaincre, entraîner, motiver. Des dispositifs financés permettant de travailler sur ces aspects existent. Des sociétés comme BPI Groupe ou les incubateurs ou pépinières permettent d’y avoir accès facilement.
Quand vient l’heure du recrutement, plusieurs options sont possibles. Les différents acteurs du développement économique au niveau local ont tous mis en place des CVthèques. Il semble aussi pertinent de les mutualiser pour le bénéfice de tous, d’autant plus que les start-up dans le secteur des énergies renouvelables semblent avoir du mal à recruter. A ne pas oublier non plus, les dispositifs d’accompagnement de start-up mis en place par la SATT SUD Est (qui gère un portefeuille d’une centaine de technologies brevetées dont une douzaine dans l’énergie), dispositifs dédiés à la maturation technologique et commerciale.
En conclusion et d'’une façon plus générale, il s'agit de faire travailler ensemble tous les acteurs de l’écosystème de l’innovation dans l’énergie, à la fois horizontal et vertical. Une priorité.
+d'infos
- Laurent Masson, Chef de projet ENERGEIA à l'Incubateur PACA-Est, masson @ incubateurpacaest.org
- Voir (en anglais) le site Web d'ENERGEIA
Les premières propositions1. Un souhait par tous : mutualiser l’écosystème. Faire en sorte que les acteurs coopèrent plus et mettent en commun leurs outils
2. Retravailler la coopération verticale (secteur énergie) et horizontale (incubation) entre Capenergies et l’incubateur pour tirer parti des complémentarités sur l’accompagnement des start-ups. 3. Publier régulièrement un focus "pépite énergie" dans Sophianet.com à partir de l’une des technologies du portefeuille de la SATT SUD EST 4. Mettre en commun les différente CVthèques existantes (PACA EST, CEEI, SATT SUD EST, Capenergies, BPI Groupe, eDRH, …) 5. Utiliser le levier stage école pour tester avant de les recruter de jeunes ingénieurs (Polytech' Sophia notamment). 6. Remettre l’APEC et Pôle Emploi dans la boucle pour les recrutements dans les start-ups |