EDHEC : des propositions pour nourrir le débat de l'entre-deux tours
Les chercheurs de la grande école de commerce ont planché sur les façons d'accroître la performance économique de notre modèle social tout en proposant plus de justice et de solidarité entre les citoyens. Sa première proposition d'une série égrainée entre les deux tours, porte sur la formation initiale.
Oui. Il est possible d’accroître la performance économique de notre modèle social tout en proposant plus de justice et de solidarité entre les citoyens. C'est ce que pense l’EDHEC qui veut apporter des idées pour alimenter la réflexion entre les deux-tours de la Présidentielle. La démarche n'est pas nouvelle. En pleine crise financière, la grande école de commerce avait déjà fait plancher ses chercheurs sur la TVA, suggérant une "TVA emploi" plutôt que "TVA sociale". Cette fois, entre les deux tours jusqu'au 6 mai, l'école compte faire des propositions pour alimenter le débat sur les systèmes éducatif et de protection sociale des travailleurs.
Pourquoi privilégier ce thème ? Selon l'EDHEC, les priorités pour le futur gouvernement concernant les systèmes éducatif et de protection requises se multiplient et ne cessent d’évoluer. Désormais, "carrière professionnelle" est synonyme de "mobilité". Pour Stéphane Gregoir, directeur de la Recherche à l’EDHEC et Arnaud Chéron, Directeur de recherche associé, il faut donc réévaluer ces systèmes, en repensant leur financement et en y introduisant plus d’équité et d’efficacité. D'où une première proposition en matière d’amélioration sociale, tandis que d'autres seront lancées tout au long des deux semaines de campagne pour nourrir le débat.
L'EDHEC veut prendre à contre-pied le "mythe de l'Université gratuite"
Cette première proposition porte sur la formation initiale. La voici.
"La formation initiale est largement assise sur le financement public qui représente environ 80% des dépenses d’éducation pour l’enseignement supérieur contre 40% par exemple aux Etats-Unis. Pour autant, en France seule un peu plus de 40% de la population est diplômée de l’enseignement tertiaire, soit un chiffre proche de la moyenne OCDE."
Qui plus est, la France connaît sans conteste un problème "d’égalité des chances" avec une forte polarisation des dépenses publiques sur certains diplômes. Par rapport à la situation moyenne pour une génération, les personnes d’origine populaire ont un taux d’accès à l’enseignement supérieur deux fois moins élevé, tandis que ceux d’origine sociale supérieure ont un taux d’accès deux fois plus élevé."
"L’EDHEC veut prendre à contre-pied le mythe de "l’Université gratuite", payée in fine par le contribuable, qui sous couvert d’un égalitarisme de façade masque des problèmes d’équité d’accès et d’équité fiscale. L’EDHEC recommande d’instaurer un contrat d’enseignement supérieur. Il s’agit d’un contrat tripartite entre l’établissement d’enseignement supérieur, la collectivité et l’étudiant. Ce contrat spécifie le niveau des investissements publics dont a bénéficié le diplômé, ce que l’individu doit à la collectivité (les droits d’inscription), et les conditions de paiement de ces droits".
"Dans ce cadre, il nous parait primordial d’assortir l’augmentation des droits d’inscription d’un Prêt à remboursement conditionnel au revenu (PARC). Durant la période de remboursement, c’est-à-dire après l’entrée sur le marché du travail, les annuités ne sont effectivement versées par l’ancien étudiant que si son revenu courant est supérieur à un certain seuil."